Cécile Duflot, pourquoi laisser monter les loyers ?
Le Collectif Jeudi noir interpelle la ministre du Logement, pour que le gouvernement aille au bout de ses engagements. Sur la baisse des loyers, le droit au logement ou les attributions de logements sociaux, « pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? “ demande-t-il.
Merde alors, une autre promesse de campagne de François Hollande jetée dans la corbeille à papiers? Pourtant, il m'avait semblé entendre des vibrants cocoricos de la part du parti écologiste dans lequel la ministre du logement est une pointure. Non?
Mais voyons de plus près ce que dit Jeudi noir, le collectif des galériens en recherche de se loger:
Cécile Duflot a fait de l’encadrement des loyers privés des grandes villes sa priorité via le décret de juillet 2012 limitant les hausses de loyer pour les renouvellements de bail et les changements de locataires. Bravo ! Mais cela ne fait que limiter leur hausse et ne concerne pas les premières mises en location. La promesse de campagne était de mettre en place des observatoires des loyers à partir desquels seraient imposées des baisses de loyer, jusqu’à -20 %. En 2011, le Sénat avait même voté ces - 20% dans les grandes villes sous tension.
Ramener les loyers sur terre serait un premier pas pour annoncer une baisse des prix de vente, seul moyen pour les investisseurs de maintenir leurs rendements locatifs. Or, le nouveau projet de loi Duflot prévoit bien des observatoires (que pour observer, note de ma pomme), mais de baisse des loyers point. Pire, les loyers seraient autorisés jusqu’à un ‘ loyer médian majoré ’, c’est-à-dire sans doute le loyer médian + 20%. Par quel tour de magie le passage de l’opposition au pouvoir transforme – 20% en +20% ? A quoi bon encadrer si c’est pour laisser monter les prix ?
Quand ils étaient dans l’opposition, le PS et les Verts gauche réclamaient régulièrement un moratoire sur les expulsions locatives (toujours note de ma pomme). Car ne plus pouvoir payer des loyers délirants n’est pas un crime justifiant d’être jeté à la rue comme un malpropre, de voir bafouer son droit au logement, pourtant reconnu comme un objectif constitutionnel. Après six mois d’attente, la ministre du Logement a enfin publié une circulaire interdisant l’expulsion des ménages que l’Etat s’était engagé à reloger dans le cadre du Droit au logement opposable (DALO). C’était le minimum syndical, mais les prioritaires DALO ne sont qu’une minorité parmi les ménages expulsés. Et le préfet du Rhône, représentant la République française, s'est carrément assis sur cette circulaire, c'est dire sa portée. (re-note de ma pomme).
Dans son projet de loi, Cécile Duflot promet la mise en place d'une garantie universelle des loyers, obligatoire pour tous les bailleurs pour les assurer contre les impayés. Mais gouverner c'est prévoir. A quelle date sera instaurée cette mesure. Le projet de loi ne le dit pas.
Concernant les SDF, un, en moyenne, meurt dans la rue chaque jour, en été comme en hiver. A quoi bon être de gauche si les SDF continuent de mourir sous nos yeux ?
Il serait pourtant possible de reloger tous les ménages jugés prioritaires au DALO laissés sur le bord de la route, qui ne sont après tout que 35 000. Il serait même possible de le faire sans concentrer la pauvreté dans les communes aux taux de HLM les plus élevés.
Bref, à quoi bon annoncer une grande loi si c’est pour enterrer les sujets qui fâchent ?
A quoi bon, Cécile Duflot, avoir accepté la participation à ce gouvernement, si ce n’est pas pour aller au bout de vos engagements ? conclut Jeudi noir.
Effectivement, voilà qu'elle est bonne cette question.
Le communiqué de Jeudi Noir est à lire dans sa totalité dans Rue89.