Tuerie de Montauban et Toulouse
Une info dans la presse de ce mercredi. Un article à ce sujet paraît dans le Canard enchaîné d'aujourd'hui et rue89 en fait un résumé:
Mohamed Merah : « indic » de la DCRI: Une hypothèse qui circule depuis le 26 mars, et que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dément.
Un élément nouveau, et troublant, est apporté par l'hebdomadaire satirique : de mars à novembre 2011, Mohamed Merah a été placé sur écoute par la DCRI, ainsi que sa mère et son frère.
Puis cette surveillance a brusquement cessé :
« Une vingtaine de fois, sous couvert de la lutte antiterroriste, la [DCRI] a demandé et obtenu de Matignon que les conversations téléphoniques et les connexions Internet [des trois membres de la famille] soient placées sous surveillance.
Saisie, la Comission nationale de contrôle des interceptions de sécurité a à chaque fois émis un “avis favorable”. [...]
Puis, subitement, en novembre 2011, “à la demande de la DCRI” elle-même, les écoutes ont cessé. Etrange. »
C'est à ce moment, comme on le savait déjà, que Mohamed Merah a été interrogé par la DCRI après son retour d'Afghanistan.
Dans Le Monde du 23 mars, le patron de la DCRI, Bernard Squarcini, affirmait que Merad avait été « repéré » en novembre 2010 et parlait juste d'une « enquête » :
« Nous faisons une enquête pour voir ce qu'il vaut. Mais il n'y a rien. Pas d'activisme idéologique, pas de fréquentation de la mosquée. »
Le Canard affirme pourtant que la DST, l'ancêtre de la DCRI, disposait « d'éléments à charge » sur la famille Merah « dès 2006 ».
S'ils n'accréditent pas formellement que Mohamed Merah ait été un « indic », ces éléments nouveaux montrent au minimum que les « services se sont laissés avoir comme des bleus par un délinquant converti au djihad », comme l'écrit l'hebdo.
L'Humanité a publié l'article suivant, le 23 mars 2012:
Le jeune homme était fiché par la DCRI depuis ses voyages en Afghanistan et au Pakistan. Le renseignement a-t-il failli ?
Les meurtres auraient-ils pu être évités ? À cette question, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, répond : « Je ne pense pas, sauf à transformer la France en État policier. » Mais, alors que la puissante Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) redore à Toulouse son blason terni par l’affaire des « fadettes », des interrogations subsistent dans l’enquête qui a abouti à la localisation du tueur, mardi dernier. « Je comprends qu’on puisse se poser la question de savoir s’il y a une faille ou pas », a admis le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, hier sur Europe 1.
Le « FBI à la française » n’a pas fait preuve des capacités d’anticipation espérées. Pourtant, comme l’a indiqué le ministre de l’Intérieur lui-même dès mercredi matin, Mohamed Merah était « suivi depuis plusieurs années par la DCRI et ses agents toulousains ». Comme tous les apprentis islamistes qui font le voyage à la frontière afghano-pakistanaise. « Il avait été convoqué en novembre 2011, afin qu’il explique ce qu’il était allé faire en Afghanistan, a précisé Claude Guéant, hier, sur TF1. Il avait alors expliqué, force photos à l’appui, qu’il avait fait un voyage touristique... » L’autre interrogation concerne l’utilisation du listing des 576 adresses IP des acheteurs potentiels de la moto mise en vente par le militaire abattu le 11 mars. Le tueur s’était fait passer pour un acheteur intéressé. « Ce n’est que le vendredi 16 mars, que la liste des adresses IP a été transmise aux fournisseurs d’accès, soit cinq jours plus tard, alors que ce genre d’opération prend maximum quarante-huit heures.
"Pourquoi tant de temps ? " s’interroge Jean-Marc Manach, spécialiste des questions de surveillance. D’autant que le nom de Merah avait déjà été repéré jeudi, après les meurtres des deux autres militaires, dans le fichier secret-défense Cristina, au milieu d’une liste d’une « demi-douzaine » d’islamistes radicaux de la région, selon le Figaro. Il faudra attendre samedi pour que les policiers mettent la main sur l’adresse IP de la mère de Merah. Et lundi, pour que la famille soit mise sur écoute. Trop tard pour la tuerie de l’école Ozar-Hatorah. « Les 80 fichiers français, c’est bien beau. Mais ce sont les moyens humains et les infiltrations qui font la différence », estime Jean-Marc Manach.
Note de ma pomme: Jean-Marc Manach parle de moyens humains et d'infiltrations dans les réseaux. Le 16 mars, les fonctionnaires de la DCRI étaient justement en grève contre le manque de moyens, une première dans la maison poulaga and co.
La DRCI regroupe désormais l'ex-DST et les ex-RG, Bernard Squarcini en est le directeur. Il est aussi mis en examen dans le cadre de l'affaire des fadettes. Frédéric Péchenard, lui le big boss de la police nationale, a avoué à France info en avoir donné l'ordre à la DRCI. Il s'agissait d'identifier qui avait informé le journaliste du Monde dans l'affaire Woerth-Bettencourt. Et dans cette histoire de barbouzes illégale, était aussi apparu le procureur Courroye dont les liens avec le président candidat sont un secret de polichinelle. Squarcini et Péchenard sont aussi potes de Claude Guéant, grand manitou de la police, et en bien cour également auprès de l'Elysée.
Or, on dirait qu'ils sont plus fortiches pour aller espionner la presse que du côté de la peste brune, non?

Une vieille Une du journal Libération. Je ne l'ai pas agrandie, mais ils sont tous là. Pour autant, depuis, les choses ont changé. Non?