Rien n'est à eux
Non, ni notre vie, ni notre force de travail, encore moins nos rêves et notre avenir n'est à eux, bref tout ce que le capitalisme et ses laquais veulent réduire à de la simple marchandise, achetée, vendue ou mise au rebut pour satisfaire le marché et ses profits.
Alors, contre l'exploitation, malgré des contraintes multiples et redoutables, des doutes parfois et aussi du renoncement, le mouvement ouvrier, l'action unie des travailleurs, a fait reculer la dictature du patronat. Cela s'appelle la lutte des classes. Elle est ni des siècles passés, ni cloîtrée dans quelque esprit torturé d'utopistes vieillissants.
Concernant les droits des travailleurs, ils furent conquis sous le feu nourri de la mitraille assassine ou contre les lois des possédants qui emprisonnèrent les révoltés à tour de bras. Mais ceci est de l'histoire ancienne, prétendent de bonnes âmes, certaines avec des titres plus longs que des jours sans pain pour le pauvre monde. Par contre, s'excitent les mêmes, le syndicalisme abuse de l'argent public et des entreprises et ceci, mesdames-messieurs, c'est pas très joli en ces temps de crise.
Petit rappel d'histoire sociale:
- 1884, légalisation des syndicats, encore faut-il indiquer aux flics le nom de leurs dirigeants et interdiction de pratiquer dans l'entreprise, le lieu même de l'exploitation capitaliste.
- 1936, grandes grèves, lois sur les conventions collectives et les délégués du personnel avec du temps rémunéré par le patron pour assurer leur mandat. Toujours interdiction du syndicat dans l'entreprise.
- 1945, Libération de la France. Loi sur les CE qui lui assure la pleine gestion des oeuvres sociales et un financement par l'employeur à cet effet, élection de représentants du personnel avec du temps payé par le boss. Toujours interdiction du syndicalisme à l'entreprise.
- 1968, grand mouvement interprofessionnel en mai et juin. Reconnaissance du fait syndical dans les boites et désignation d'un délégué syndical avec du temps payé par le patron.
- 1982, victoire de la gauche à la présidentielle, lois Auroux et création des CHSCT et de ses représentants du personnel.
Au total, plus de 450 000 élus ou mandatés, des budgets sociaux gérés par des élus du personnel et sous le contrôle de leurs électeurs, plus des représentations du personnel dans la Fonction publique, autant de victoires sur le dos des exploiteurs et surtout touchant leur portefeuille.
Insoutenable, pleure le coeur des vierges innocentes du MEDEF ou de sa succursale, la CGPME. Un abus au bénéfice des seuls syndicats, soutiennent les médias, certains se disant de "gôche". Une preuve de plus, l'enterrement du rapport parlementaire par le PS (de gauche) et l'UMP (de droite), un scandale étouffé sur l'argent donné aux syndicats, notamment à la CGT, première organisation syndicale française.
La CGT a rendu public ses comptes certifiés par un commissaire (justement) aux comptes, conformément à la Loi de la République. Silence dans les médias. Elle a fortement insisté aussi auprès du président de l'Assemblée nationale pour que le rapport parlementaire soit publié. Motus de ce dernier et pas plus de papier dans les médias.
Par contre, cette très violente campagne s'inscrit au même moment ou le patronat (avec le gouvernement des riches) cherche à remettre en cause les droits sur les CE et les institutions représentatives du personnel. Oui, les patrons et leurs alliés l'ont bien compris: la lutte des classes existe toujours.
Et fou (ou vendu) serait celui qui le nierait.