Qui veut la peau du SMIC?
Le gouvernement vient d'ouvrir une nouvelle boite de pandores avec la réforme du SMIC prévue au 1er janvier 2013. 2, 6 millions de salariés à temps complet ou partiel, soit un travailleur sur 10, sont concernés. Pour l'heure, avec la honteuse augmentation de 3 centimes au 1er janvier 2012, ils perçoivent 1 121 euros net pour un CDI.
Mais pour cette "réforme" qui s'annonce, pas question de revalorisation substantielle: le SMIC n'est pas le CAC 40 avec + 15% en 2012. Tout juste serait prévue une indexation sur le coût des loyers et des charges dues à l'énergie et à l'eau. Pas de quoi donc de manger du foie gras chez Fauchon.
Pour discuter de cette réforme qui faut à la France, Michel Sapin, l'infatigable ministre du chômage et de la précarité, a désigne un comité d'experts: Paul Champsaur, Martine Durand, Gilbert Cette, Francis Kramartz et Etienne Wasmer. Tous partisans de la concurrence libre et non faussée comme des thèses économistes libérales. Oui, c'est mieux pour discuter d'être tous d'accord dès le départ pour proposer une réforme à la sauce des marchés.
Et puis ça tombe pile poil: le MEDEF, qui n'est plus du tout en embuscade, rugit qu'il faut dépecer le SMIC pour ne pas nuire "à la compétitivité et à l'accès à l'emploi des moins qualifiés".
Voilà où l'on en est. "Bonne année", a toutefois dit François Hollande lors de ses voeux, depuis son palais de l'Elysée. Et je n'ai pas trouvé une seule déclaration de Michel Sapin au sujet d'une proposition qu'il faudrait pour améliorer le pouvoir d'achat, faire reculer la pauvreté et les inégalités en France. Mais je suis vieux et porte des lunettes, c'est sans doute à cause de ça.
Autrement, ça baigne pour le comité d'experts qu'il a désigné.
Pourtant...