Paris s'interroge sur le Mali
Enfin, pas tout à fait et surtout pas sur la stratégie adoptée par François Hollande, chef suprême des armées (et qui peut donc tout faire) selon la 5e Constitution française.
Notre allié le Mali, pour qui nous défendons la démocratie et le pluralisme des idées, vient d'arrêter Boukary Daou, directeur de publication du quotidien Le Républicain. Sans avoir été condamné, vu que ce sont les services de renseignements maliens qui l'ont incarcéré sans autre forme de procès.
Son crime? Avoir publié dans son journal une lettre ouverte de soldats contre le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d'état militaire en mars 2012 et qui gouverne de facto le pays sans en être le président par intérim reconnu par Paris. Vous suivez?
Évidemment, la fameuse lettre parlait de la révolte de soldats contre "les avantages accordés" au capitaine Sanogo.
Laurent Fabius, notre très distingué ministre des affaires étrangères, a déclaré: Je suis sûr que le gouvernement malien fera ce qu'il faut pour que la presse soit respectée".
Surtout que François de l'Elysée n'envoie pas l'armée française pour faire libérer Boukary Daou. Le Mali est un pays indépendant et notre ami. Il ne faudrait pas trop le déranger dans ses petites affaires.
Sinon, il y a également ceci:
Suite à l’arrestation de notre confrère Boukary Daou, Directeur de Publication du journal Le Républicain, qui fait suite à une longue liste de harcèlements dont ont fait l’objet ces derniers temps les journalistes de la presse privée malienne, l’ensemble de la profession (Presse écrite, radio et audiovisuelle) s’insurge contre cette énième atteinte grave à la liberté de la presse au Mali.
L’instauration de l’état d’urgence, ou de tout autre état d’exception, ne saurait justifier en aucun cas ces tentatives manifestes d’intimidation.
L’ensemble de la presse exige donc la libération immédiate de Boukary Daou et le respect par les agents des services de sécurité de l’Etat des procédures nationales en la matière. Les journalistes sont soumis à une loi spécifique en République du Mali, et celle-ci leur garantit, entre autres, le libre exercice de leur profession, dont fait partie le droit à la protection de leurs sources.
Bamako, le 08 Mars 2013
Le Président de la Maison de la Presse