Occupation de la terre en Andalousie
Voilà, la spirale infernale du déclin frappe à son tour l'Espagne. Et sous le joug de l'UE, de la BCE et du FMI, la droite revancharde au pouvoir annonce de nouvelles coupes budgétaires dans un pays qui vit au ralenti avec plus de 25% de chômeurs, dont 50,5% ont moins de 25 ans. Le 29 mars, la grève générale fut suivie massivement. En effet, il ne suffit plus de s'indigner, il faut lutter pour survivre à ce désastre social et humain.
En Andalousie, depuis le 4 mars, des journaliers occupent l'orangeraie et les terres de la ferme de Somonte. Partout ailleurs, les oranges pourrissent à même le sol, sans que nul ne les ramasse. A cause de l'économie de marché, c'est plus rentable de les laisser ainsi... Dans cette Andalousie de 8 millions d'habitants, avec 30% de chômeurs une population qui survit de bouts de rien, voilà la situation.
Mais dans la ferme de Somonte occupée, à côté du drapeau andalou, flottent les couleurs du SOC, le syndicat des ouvriers des champs. Et le flamenco qui monte dit "Esta Tierra es tu tierra", cette terre est ta terre, à toi le dépossédé...
Le SOC, créé en 1976, renoue avec la vieille tradition des occupations massives de terres. Durant la République espagnole (1931-1936), dans tout le sud de cette Espagne agricole, on a constamment combattu les mauvaises conditions de travail en occupant les terres des grands propriétaires en signe de protestation. En 1936, avec l'avènement du Frente popular, le frère du Front populaire français, les journaliers avaient repris espoir. Làs, le général Franco va déclencher une guerre civile atroce, abattre la République, instaurer sa dictature et ressusciter la royauté à sa mort dans son lit. Aujourd'hui, 2% possèdent plus de 50% des terres agricoles.
Le domaine occupé de Somonte, 400 hectares, fait partie des 20 000 hectares que le gouvernement andalou veut vendre aux enchères. Et seules les grandes entreprises espagnoles ou étrangères et la duchesse d’Albe (notre Lilianne Bettencourt), ont les moyens de les acheter. Mais pas pour produire, pour spéculer.
Alors, 500 journaliers occupent la ferme de Somonte. Le 4 mars, la garde civile a tenté d'entrer la nuit, mais les occupants avaient blindé la porte. Alors le gouvernement régional a porté plainte contre 7 syndicalistes du SOC