Mineurs Sud-africains: ça continue
Des mineurs de Marikana accusés d'actes de violence sont escortés par des policiers dans un tribunal près de Pretoria, le 27 août 2012
AFP/Archives -
Et Le Monde du 3 septembre montre que rien ne se passe ou presque:
Après la suspension de leur inculpation pour le meurtre de leurs camarades, 47 des 270 mineurs ont été remis en liberté.
«Vous pouvez y aller», a dit aux prévenus le magistrat Esau Bodigelo, confirmant que «les chefs d'inculpation pour meurtre contre les accusés ont été retirés pour l'instant» comme l'avait annoncé le parquet la veille.
Esau Bodigelo avait suscité l'indignation générale jeudi en inculpant les 270 mineurs grévistes pour le meurtre de leurs 34 camarades abattus par la police.
Il n'avait pas expliqué sa décision, mais de nombreux juristes estiment qu'il avait utilisé une loi anti-émeutes de 1956, toujours en vigueur, qui était très prisée du temps de l'apartheid: le texte prévoit que soit inculpée pour meurtre toute personne arrêtée sur le site d'une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non.
L'adresse doit être vérifiée!
Devant le scandale national, la chef du Parquet Nomgcobo Jiba avait finalement annoncé dimanche la suspension de l'inculpation et la libération à venir des 270 mineurs, qui faisaient partie de la foule hostile de manifestants armés de lances et de machettes sur laquelle la police a tiré le 16 août.
Mais ces mineurs ne peuvent être libérés que si leur adresse a pu être vérifiée, une gageure pour nombre d'entre eux qui sont des travailleurs migrants habitant dans des bidonvilles aux abords de la mine, exploitée par le groupe Lonmin.
Les mineurs paraissaient devant le tribunal par groupes lundi, les cas de 160 d'entre eux devant être traités avant la fin de la journée.
La chef du parquet avait indiqué dimanche que l'annonce des chefs d'inculpation finalement retenus contre eux n'aurait lieu qu'«une fois que toutes les enquêtes (auraient) été bouclées», citant notamment la commission d'enquête installée par le président Jacob Zuma dont les conclusions ne sont pas attendues avant janvier.
L'affaire a été en conséquence remise au 12 février 2013, les mineurs étant toujours poursuivis pour violence publique et rassemblement interdit. (afp/Newsnet)
Note de ma pomme: Dernière minute, la justice sud-africaine vient de relâcher 162 autres mineurs. Mais la grève semble faire tâche d'huile sur d'autres sites. Ceci expliquerait-il cela?
A noter également le communiqué de la CGT suite au massacre de 34 mineurs:
"C’est avec la plus grande fermeté que la CGT condamne le massacre perpétré par la police le 16 août 2012 à la mine de platine Lonmin de Marikana en Afrique du Sud.
La CGT s’incline devant les dizaines de mineurs en grève tombés sous les balles de la police. Elle a également une pensée fraternelle pour les soixante-dix-huit autres qui ont été blessés. On ne répond pas à des revendications sociales en assassinant des salariés en grève !
La CGT appelle solennellement la direction de Lonmin à ouvrir immédiatement et sans condition les négociations qui s’imposent pour une amélioration conséquente des conditions de vie (logements décents, accès à l’eau, à l’électricité,...), de rémunération et de travail de tous les mineurs.
Lonmin, société multinationale d’origine britannique, tire l’essentiel de ses profits de l’exploitation des mines de platine en Afrique du Sud. Lonmin est évidemment en capacité d’assurer une vie décente à ses salariés. Le travail décent doit s’imposer aussi là-bas !
Dix-huit ans après la fin de l’odieux régime de l’apartheid, la pauvreté et la misère pèsent encore lourdement en Afrique du Sud.
La CGT exprime tout son soutien et sa pleine solidarité aux travailleurs sud-africains. Montreuil, le 22 août 2012."