Lybie, guerre impérialiste ou de libération?
Quatre mois que cette guerre dure. Au départ, c'était pour soutenir un soulèvement populaire juste, qui allait renverser un dictateur, plus vite que s'écroulerait un château de cartes. Aujourd'hui, l'OTAN chiffre de 10 000 à 12 000 le nombre de morts, principalement des populations civiles que la résolution 1973 de l'ONU était censée protéger.
C'est désormais l'OTAN qui mène les bombardements, avec comme figure de proue Nicolas Sarkozy, chef des armées françaises, adoubé par le Parlement pour poursuivre la guerre, exceptés les élus communistes et du Parti de gauche, plus quatre autres députés.
L'OTAN, cette structure militaire organisée autour des USA, pour s'opposer hier aux armées du Pacte de Varsovie, l'OTAN dont la France avait quitté le commandement dans les années 60 et qui le réintègre avec Nicolas Sarkozy, l'OTAN dévoreur des budgets nationaux (dont celui de la Grèce exsangue avec 4, 5% consacré à la défense), l'Otan a-t-elle toujours sa raison d'exister et d'être le gendarme du monde? Pourquoi ne pas être intervenue alors quand l'Arabie Saoudite envahissait le Bahrein, afin d'y écraser une révolte populaire contre le roi? Parce que l'Arabie Saoudite est le principal allié des USA parmi les monarchies pétrolières?
Mais en Lybie, guerre impérialiste avec des causes économiques ou de libération de son peuple?
L'organisation américaine des droits de l'homme Human Righs Watch, qu'on ne peut soupçonner de connivences avec le régime de Kadhafi, vient de dénoncer les exactions commises par les rebelles dans les villes conquises dernièrement. Oui, dans cette guerre, le peuple est pris sous le feu et la haine des uns ou des autres, même si dans ce désastre, le régime de Tripoli porte la plus lourde des responsabilités dans ces milliers de morts civils, dans ces plaies ancestrales et tribales rouvertes, dans ce risque réel de partition du pays, voire d'un chaos comme en Somalie.
Ne faut-il pas alors négocier un cessez-le-feu, protéger des uns et des autres les populations libérées par les uns ou les autres, entreprendre une transition politique vers une Lybie démocratique, fédérale ou confédérale? Ne faut-il pas terminer aussi au plus vite cette guerre inutile?
Les boutefeux, qui soutiennent le palais de l'Elysée dans cette aventure, comme son locataire, ne sont pas sous les bombes des uns ou des autres, pour l'entendre.