Le capitalisme continue de tuer au Bengladesh
C'est une catastrophe dont l’ampleur augmente chaque jour. Il s’agit de l’effondrement d'un immeuble abritant plusieurs
usines textiles travaillant pour de grandes marques de l'UE. Le compteur macabre s’était mis en marche avec 87 morts et 1 000 blessés. Un autre chiffre circule, c’est celui des disparus : il
serait de 1 000 et on dénombre ce dimanche quelque 650 victimes.
Le complexe de huit étages en possédait trois ajoutés illégalement. Pire, l'ensemble était fait pour abriter de simples bureaux et non des ateliers textiles avec de lourdes machines, affirme l'architecte qui l'avait conçu. Des ouvriers avaient signalé à leur patron des fissures dans les murs, mais ce dernier les a obligés à venir au travail, en les menaçant de retenir une pénalité sur leur maigre salaire.
Le propriétaire de l’immeuble a été arrêté. Mais on est très loin du compte. Il aurait été nettement préférable que les autorités prennent des mesures préventives, compte tenu de l’état périlleux dans lequel l’immeuble se trouvait. Et ailleurs dans le pays, car l’effondrement de ce bâtiment n’est pas un incident isolé. Les conditions de travail abominables au Bangladesh font trop fréquemment des victimes et les autorités ferment les yeux devant des immeubles délabrés ou construits en toute illégalité.
L’Union européenne, par la voix de son Haut représentant pour les affaires étrangères Catherine Ashton et son Commissaire au commerce Karel De Gucht a averti le Bengladesh qu'il pourrait perdre ses avantages commerciaux.
Admirez le pourrait perdre, tout en sachant que si l'UE envisageait de prendre une telle décision, il faudrait l'assentiment des 27 états, tractations qui dureraient au moins un an dans le continent où la concurrence et libre et non faussée.
Il est lamentable aussi de noter que l'UE ne s'est pas indignée contre les commanditaires qui exploitent les travailleurs bengalis, à savoir les grandes marques textiles européennes et les grandes surfaces qui les vendent.
Dans sa course effrénée au profit, le capitalisme ferme les usines textiles continentales et exploite jusqu'à la mort les salariés des pays qui, comme le Bengladesh, connaissent la plus effroyable des misères. Pour autant, ils s'en trouvent encore qui escomptent humaniser cette société pourrie.
Au Bengladesh, le salaire moyen mensuel est de 24 euros. Sans commentaire.
Source : http://www.euractiv.fr/developpement/lue-presse-le-bangladesh-a-appliquer-les-normes-internationales-du-travail-2-18994.html
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