La prose du boss US de Titan à Montebourg de France
Maurice M. Taylor junior, pdg de Tailor, en qui Arnaud Montebourg fondait des espoirs pour reprendre Goddyear-Amiens, vient de répondre à notre ministre du Redressement. Oui, pour le productif, on verra plus tard.
« Cher monsieur Montebourg,
Je rentre tout juste aux Etats-Unis après un séjour de plusieurs semaines en Australie pour le travail. Je m’excuse ainsi de n’avoir pas répondu plus tôt à votre courrier daté du 31 janvier.
J’apprécie que vous pensiez que votre ministère protège les activités industrielles et les emplois en France. Titan et moi, depuis 40 ans, rachetons des usines et des sociétés fermées, perdons des millions de dollars et les transformons pour créer de bonnes affaires et payer de bons salaires. Goodyear a essayé pendant quatre ans de sauver une partie des emplois à Amiens, qui sont parmi les mieux payés, mais les syndicats français et le gouvernement n’ont fait rien d’autre que parler.
J’ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France. »
« Vous êtes un politicien, donc vous ne voulez pas faire de remous. Les Chinois envoient des pneus en France – en fait partout en Europe –, et pourtant vous ne faites rien. Le gouvernement chinois subventionne toutes les sociétés de fabrication de pneus. Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France. La France perdra son industrie parce que son gouvernement est plus de gouvernement.
Monsieur, votre lettre fait état du fait que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. L’agriculteur français veut des pneus pas chers. Il s’en fiche de savoir si ces pneus viennent de Chine ou d’Inde et si ces gouvernements les subventionnent. Votre gouvernement s’en fiche aussi. “Nous sommes français !”.
Le gouvernement américain n’est pas beaucoup mieux que le gouvernement français. Titan a dû payer des millions à des avocats de Washington pour porter plainte contre les entreprises chinoises de fabrication de pneus à cause de leurs subventions. Titan a gagné. Le gouvernement collecte les taxes. Nous ne touchons pas les taxes, c’est le gouvernement qui les touche.
Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d’un euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens-Nord.
Meilleures salutations,
Maurice M. Taylor Jr. »
Note de ma pomme: Pour ceux qui voudraient toujours humaniser le capitalisme, ils peuvent relire la lettre de monsieur Titan. Et ceux qui comptent sur l'humanité d'un géant made in USA, à l'Elysée mais pas que, pour sauver l'industrie gauloise, en ont pris pour leurs douces illusions.
Quant aux salariés de Goodyear qui ne bossent que 3 heures par jour tout en étant payé 8, c'est la base de tout contrat de travail que le patronat cherche à rayer d'un trait de plume dans un accord-trahison avec certains syndicats. En effet, l'employeur, par le Code du travail, doit fournir du travail à son salarié. S'il ne lui fournit pas, la loi lui impose de le rétribuer comme s'il en avait.
Je n'ai surligné que 2 petits extraits, c'est peut-être une erreur et pas aussi la bonne couleur. Mais j'attends vos commentaires.
Ah, j'oubliais, ce matin sur BFMtv, entre 2 tranches de pub, Nicolas Sarkozy, non Nicolas Doz, journaliste patenté en économie libérale, a préféré se fendre d'un "Merci à la CGT" que de critiquer ce torchon made in USA. Mais monsieur Doz ne s'est pas trompé de cible. Il a les amis qu'il veut bien avoir. Ils ne sont pas les miens.
Tiens, une vieille carte postale. Mais at-elle une relation avec ma chronique? That is the question, comme ils disent du côté de la City de Londres ou à Wall street.