La loi DALO toujours bafouée
La loi sur le droit au logement opposable, dite loi Dalo, avait été votée le 5 mars 2007 sous Jacques Chirac et un comité de suivi avait été institué. Le candidat Nicolas Sarkozy avait inscrit le droit au logement dans son programme électoral. Mais président de la République et locataire du palais de l'Elysée, ce fut vraiment le cadet de ses soucis.
En effet, il n'a reçu qu'en début de mandat, et pour la seule et unique fois, le Président du comité de suivi, alors que ce dernier, selon la loi, lui rend un rapport tous les ans. François Fillon, son premier ministre, a fait pire: aucune rencontre avec le comité de suivi. C'est vrai qu'il serait bientôt député du très bourgeois VIIe arrondissement de Paris et que le logement social deviendrait encore moins l'une de ses préoccupations.
Mais que dire de cet Etat qui bafoue impunément une loi de la République?
M. Philippe Lacharme, secrétaire général du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées (le comité de suivi) dénonce cet état de fait à l'AFP. Il rajoute que 27 500 décisions de justice concernant le relogement et l'hébergement des ménages prioritaires ne sont pas exécutées, dont 85% en Île-de-France, soit une augmentation de 5 000 par rapport au 31 décembre 2010. Et ces chiffres sont partiels, puisque le système informatique des préfectures est souvent défaillant en la matière. Comme c'est bizarre, non?
Un qui n'a pas de souci pour se loger, c'est justement Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement. Ne le répétez pas, mais jusqu'en 2008, alors qu'il était député UMP de la Marne et Maire-adjoint de Châlons-en-Champagne, il était locataire d'un logement social à Paris. Un cas prioritaire quoi!
"Un trentenaire aux dents longues pour le logement" écrivait le journal Libération lorsqu'il entra dans le gouvernement des riches. Les dents longues pour qui? Pour faire respecter la loi Dalo? Surtout pas, car on ne peut pas dire que le logement des classes populaires soit dans les premiers de ses dossiers ministériels.
Marine Le Pen, dans son programme "populaire" (selon la presse qui l'encense) pour l'élection présidentielle, fait aussi l'impasse sur le logement social et la loi Dalo. Il est vrai que son père s'y était opposé lorsqu'elle fut votée, prétextant que "le droit au logement opposable, c'est une violation du droit de propriété qui est garanti par la Constitution". Pas moins et comme elle est la fille de son père...
Alors, elle n'est pas belle la France des nantis qui se fiche comme d'une guigne du peuple?