La leçon qu'il fallait
Canaille le Rouge a mis en ligne un article de Danielle Bleitrach:
La colère du capital? Ce diable de Chavez avait bien raison d'en rire
Pendant que chez nous des milliardaires s’expatrient pour ne pas avoir à payer des impôts supplémentaires. Pendant qu’un ex-président manifeste son allégeance à un Emir bourré de fric qui s’achète des clubs de foot et des vedettes hors de prix et des immeubles de luxe, un Emir qui met en prison un poète coupable de l’avoir brocardé, un Emir qui partout finance les groupes fondamentalistes qui prônent la haine, notre presse se moque de celui qui a passé sa vie à mettre la pauvreté au cœur de tous ses actes, celui qui n’a jamais tenu compte des races, celui qui a su parler à tous et entraîner tous les autres latinos dans son sillage.
Les « experts » de nos médias nous disent d’un ton gourmé que Chavez a dépensé l’argent du pétrole d’une manière inconsidérée et que ce n’est pas ça l’économie. Qu’est-ce que l’économie, les folies du Qatar, l’accumulation de fortunes toujours plus élevées tandis que le chômage, la misère s’accroissent partout? Qu’est-ce que l’économie la catastrophe qui déferle sur l’Europe, le malade que l’on saigne tel un médecin de Molière… pour mieux nourrir de grosses sangsues qui gonflent jusqu’à exploser… Que les plus grosses fortunes disent cela passe encore mais qu’il se trouve des imbéciles stipendiés pour le répéter d’un ton sentencieux quitte à produire des statistiques tronquées pour nous enfoncer toujours plus dans l’insupportable…
Qu’il se trouve aujourd’hui une extrême-droite qui, comme toujours, présente un visage contestataire, un simulacre de révolution nationale et socialiste qui cherche le bouc émissaire racial n’a rien d’étonnant. Elle se nourrit des carences de la gauche, de l’absence d’alternative, du sentiment qu’ils sont tous les mêmes, alors cette même gauche croit se sauver en jouant les diversions, en adoptant les myopies volontaires du capital, et tout ce qu’elle génère est le triomphe de ce simulacre de révolution.
Chez nous et ailleurs, tandis qu’on amuse nos foules avec les exploits d’un PSG relooké par un émir qui ne sait plus quoi faire de son fric, tandis que l’on ferme les yeux sur les licenciements boursiers, tandis que le bellicisme contre ce qu’on a soi-même généré est l’occasion de se refaire une vertu morale en se prétendant le défenseur des droits de l’homme, les médias aux ordres crient Chavez le populiste, Chavez le dictateur, lui qui n’a jamais porté autre chose que la paix, qui a développé l’entente et la concorde sur un continent y compris avec des gouvernements de droite… Tandis que le printemps arabe est en train de tourner à l’émeute entre supporters faute de répondre à la misère des peuples, à leurs terribles frustrations, en leur faisant perdre toute dignité et retourner contre eux-mêmes et leurs femmes ce qu’ils subissent, il existe des pays où tout a été mis en œuvre pour que les pauvres recouvrent leur dignité… De l’argent mal dépensé, ce n’est pas cela l’économie, mais qu’est-ce que l’économie ?
Comment comprendre ce mélange de communisme à la cubaine, lui-même marqué par José Marti, l’apôtre franc maçon et de théologie de la libération qui a saisi le cœur des masses, comment imaginer le président le plus pauvre du monde, l’ancien guérillero de l’Uruguay sous nos climats ?
Peut-être pourriez-vous un jour faire un petit effort d’imagination?
Danielle Bleitrach