La finance a un visage
François Hollande, dans sa tour d'ivoire de l'Elysée et sous ses ors, le savait mais le cachait. Avec deux éminents socialistes comme patrons du FMI et de l'OMC, Pierre Moscovici, son ministre des Finances, et Didier Migaud, chef de la Cour des comptes, hier membres influents du cercle de l'industrie, lobby patronal dans l'UE et en France, comment ne pas savoir que la finance avait un visage?
Oui, François Hollande taisait ce qu'il savait pour ne pas avoir à le combattre.
Ainsi, lorsque Jérôme Cahuzac, son ministre du Budget chargé d'éradiquer la fraude fiscale des cols blancs, est pris les mains dans le pot de confiture, l'Elysée et ses godillots entonnent que ce n'est que la forfaiture d'un seul homme et qu'on s'en trouve le coeur endolori. Sortez vos mouchoirs, camarades!
Las, le trésorier de campagne du candidat Hollande à la présidentielle, son pote de 30 ans depuis l'ENA, est pris lui aussi sur les plages des îles Caïmans, paradis fiscal dans le top 10. Ensuite, deux jours plus tard, est publié le travail de 160 journalistes d'investigation à travers le monde sur les paradis fiscaux. C'est une fraude généralisée internationale des cols blancs pour éviter le fisc qui est nommément découverte. Les sommes concernées seraient excédentaires, si on les récupérait, à résorber le déficits des états.
Oui, l'affaire Cahuzac n'était que la partie émergée de l'iceberg.
Alors, comme ça crame de partout, François Hollande fait mine de découvrir le visage de la finance. Il ne prend pour des cons que ceux qui veulent bien l'être. Si les mesurettes annoncées vont entraîner un petit peu de moralisation, toujours autant d'austérité est à l'ordre du jour pour ceux qui ne sont pas cols blancs de la finance et de l'oligarchie gouvernante en France comme dans l'UE.
Une haute autorité chargée de vérifier le patrimoine du gouvernement, des élus et des hauts fonctionnaires, quand celle attachée aux parlementaires ne fonctionne toujours pas faute de moyens?
L'administration fiscale, à cause des politiques de rigueur soutenues par Sarkozy et Hollande, a perdu 25 000 postes depuis 2002. Le nombre de vérifications individuelles a chuté de 15% de 2006 à 20011. 60 à 80 milliards d'euros échappent de ce fait à l'impôt en France.
François de l'Elysée des riches et du patronat
Embauchez sous 12 mois au moins 1 000 agents de contrôle fiscal pour renforcer les 5 000 vérificateurs actuellement en poste. Chacune des nouvelles recrues rapportera à l’État au moins 2,3 millions d’euros par an grâce aux redressements fiscaux opérés, soit 40 fois le montant de son traitement !
Exigez des banques la communication de l’identité de tous les ressortissants français détenteurs de comptes à l’étranger. La loi FATCA oblige depuis début 2013 tous les groupes bancaires opérant aux Etats Unis à communiquer sur demande du fisc américain les données concernant ses ressortissants: il suffit d’une volonté politique !
Etablissez, en lien avec les associations spécialisées, une liste crédible des paradis fiscaux, ces trous noirs de la finance occulte et de la corruption
Donnez 12 mois aux banques opérant en France pour fermer leurs filiales dans ces territoires, sous menace de retrait de la licence bancaire. Les banques françaises ont 527 filiales dans les paradis fiscaux dont 360 pour la seule BNP Paribas !
Imposez le « reporting par pays » aux multinationales établies en France : cette transparence sur le chiffre d’affaires, les bénéfices et les impôts payés dans chaque pays permettra au fisc de déjouer les manipulations des prix de transfert entre filiales des multinationales et de pouvoir enfin imposer Total ou Google sur leurs bénéfices.
Mais vous ne le ferrez, comme votre ancêtre socialiste Léon Blum, plusieurs fois
chef du gouvernement de la France, vous êtes un "gérant honnête et loyal du capitalisme".