La retraite à 90 ans !

 

  Le premier ministre, a dévoilé ce mercredi l'agenda social du gouvernement. Il souhaite un décret sur le retour de la retraite à 60 ans (à condition d'avoir travaillé dès 18 ans et de posséder 41 années de cotisation). Il rencontre les syndicats le 29 mai. La CGT déclare que ce n'est qu'une première étape qui en appelle une autre. Eric Aubin, responsable du dossier retraites à la confédération, répond aux questions du JDD.

  Etes-vous satisfait?

  Nous serons consultés sur ce décret avant qu'il ne soit publié. Mais en tout état de cause, pour la CGT, ça n'est qu'une première étape qui en appelle une autre, celle du dossier des retraites dans son ensemble.

  Qu'attendez-vous de cette rencontre?
  On va donner notre opinion sur le fameux décret et lui dire qu'on entend porter le retour de l'âge légal à 60 ans pour tous les salariés qui ont 41 ans de trimestres cotisés, y compris en prenant en compte les trimestres validés et non pas seulement les trimestres cotisés.

   La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a précisé mercredi qu'une concertation allait devoir décider si les périodes de chômage seront prises en compte dans les années cotisées…
  Encore une fois, ça n'est qu'une première étape. C'est un point positif parce qu'on est le seul pays en Europe où l'on revient en arrière sur l'âge de départ en retraite. Donc on s'en satisfait. Néanmoins, le retour de l'âge légal à 60 ans pour tous est une nécessité, notamment dans une période où l'on sait que l'emploi est catastrophique.«On apprécie le fait d'être consultés»

   Le gouvernement ne semble pas envisager de revenir à la retraite à 60 ans pour tous…
  On veut mettre la pression pour se faire entendre par le gouvernement. En 2010, près de cinq millions de salariés se sont mobilisés. A l'époque, le Parti socialiste avait donné raison aux organisations syndicales et avait appuyé les salariés.

   Sur la forme, êtes-vous satisfait par la méthode de concertation employée par le gouvernement?
  On apprécie le fait d'être consultés avant que le décret ne soit publié. En 2010, Nicolas Sarkozy est passé en force alors que plus de 70% des Français étaient contre la réforme des retraites et l'ensemble des organisations syndicales y étaient opposées. Avec le nouveau gouvernement, on pourra avoir une autre écoute, j'en suis sûr. Mais le gouvernement doit être conscient que les salariés ont beaucoup d'attentes, notamment en matière de retraite et de pouvoir d'achat. Le pouvoir en place sera jugé sur les actes.

   Une grande conférence sociale est prévue avant le 14 juillet. Qu'en attendez-vous?
  Cette conférence englobe beaucoup plus de sujets : le Smic, les questions de pouvoir d'achat, de salaires, d'emplois. On attend de cette conférence nationale qu'on en sortent des décisions pour changer la donne. Nous sommes bien conscients qu'il y aura des priorités à se fixer vu la situation économique du pays. Néanmoins, on entend porter nos revendications qui font l'objet de nombreux conflits dans les entreprises aujourd'hui.

   Vous réclamez le retour à la retraite à 60 ans pour tous, l'augmentation du Smic… N'est-ce pas utopique en temps de crise?
  Pas du tout! L'argent existe. Le problème, c'est que depuis 1981, on a basculé l'argent du travail vers le capital. Chaque année, 100 milliards d'euros passent de la poche des salariés à celle des actionnaires. Il faut rétablir un certain équilibre et regarder de près une nouvelle répartition des richesses. Nous sommes la 5e puissance économique du monde donc on ne peut pas penser que tout ça est utopique ou irréalisable.