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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

 

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      Ci-dessous, un entretien exclusif de Yannis Gkiolas, député communiste grec, à l'Humanité:

 

     Selon différents sondages récents, les trois partis de gauche, qui ont refusé de cautionner le programme de la Troïka, recueillent entre 38% et 42,5 %. Le parti de la gauche démocratique effectue une percée spectaculaire pour atteindre entre 16% et 18 %. A ses côtés, le parti communiste grec (KKE) et la coalition de gauche radicale (Syriza) recueillent respectivement 12 % à 14% et 11% à 12,5 %. La gauche serait donc en mesure de remporter des élections législatives si elles se tiennent.

     Envoyé Spécial. Il semble cependant que la troïka, et les dirigeants de l’UE, exigent des partis qu’ils s’engagent à respecter le programme pour accorder la tenue de ces élections. Les attaques contre les principes fondamentaux de la démocratie se multiplient dans le pays même où elle trouve ses racines, la Grèce.

Les attaques sociales se font, elles, sans cesse plus sentir par la population : le chômage augmente, le niveau de vie baisse. Yannis Gkiokas est député KKE. il explique au site internet de l’Humanité la vision de la crise et la politique qu’il défend à la Vouli.

     Quelle est la situation en Grèce ?

     Yannis Gkiokas : Le niveau de vie et les droits du peuple ont décru ces dernières années. C’est la plus grande attaque envers notre peuple depuis 30 ou 40 ans et ce à différents niveaux. Elle s’exprime par des coupes dans les salaires et les retraites, effectuées directement par l'Etat dans le domaine public ; dans le privé, elle passe par l’abrogation des conventions collectives. Il existe aussi des coupes dans les services de santé, sociaux, dans l’enseignement et l'éducation. Alors que le système éducatif est censé être gratuit, les élèves n’ont pas eu leurs livres à temps cette année. Tout cela a créé une situation explosive au sein de la société grecque. La colère et l’indignation se sont accumulées dans la population qui essaye de trouver des réactions de résistance. Dans ce contexte, notre parti agit.

     Comment cette dégradation se manifeste-t-elle ?

     Yannis Gkiokas : Par le chômage. Chez les jeunes, il atteint 43% ! Ensuite, à cause des taxes sur l’habitat appliquées via les factures d’électricité, certaines familles qui ne peuvent payer voient leur électricité coupée. Nous commençons à voir dans des jeunes familles, pauvres, des phénomènes de sous-alimentation. Dans tous les niveaux de la vie sociale, cette politique trouve son expression.

     Comment le KKE répond-il ?

     Yannis Gkiokas : Nous sommes dans la lutte quotidienne, dans les entreprises et les quartiers. Nous voulons renforcer et rendre vives les discussions pour la perspective. Cette lutte, qui se développe, nous ne voulons pas qu’elle soit une lutte du détournement ou qui freine. Aujourd’hui, le capitalisme est dans une situation telle qu’il ne peut rien céder. Il faut, pour nous, accentuer le progrès ce qui ne peut se faire comme dans les années 80 et 90. La perspective est le socialisme. Nous disons que c’est pour aujourd’hui. Nous voulons que ce soit un but de la lutte. Nous vouons sortir de l’euro et de l’Union Européenne, que les moyens de production centralisés deviennent une propriété sociale. Et bien sûr, nous voulons l’annulation de la dette grecque. Cela ne peut pas se faire par un gouvernement qui gère le système. Nous, aujourd’hui, nous ne luttons pas pour un changement de gouvernement mais pour un changement de classe au pouvoir. Cette perspective, il faut qu’elle soit un objet de discussion dans les luttes afin de gagner du terrain dans les consciences populaires. Ces deux dernières années, les communistes et les combattants qui participent aux manifestations et aux organisations de masse ont connu des réussites. Par exemple, ils ont permis de faire réembaucher des gens licencier, de remettre le courant dans les foyers où l’électricité avait été coupée, ont conclu des conventions collectives avec des augmentations. Notre participation à ces luttes est décisive, en opposition avec la direction du mouvement syndical qui, dans son essence, soutient la stratégie du gouvernement même s’ils le critiquent.

     Syriza dénonce aussi les politiques du gouvernement. Est-ce une main tendue ?

     Yannis Gkiokas : Non, nous avons une différence et avec Syriza, et avec le PGE en ce qui concerne la crise et la sortie de crise. Nous voulons une croissance différente : notre pays ne sera pas membre de l’UE mais appartient à l’Europe. Les moyens de production seront socialisés. C’est en contradiction avec les propositions de Syriza qui recherche une solution dans le cadre du système, à l’intérieur de l’UE. Ces conceptions et stratégies ne jouent pas en faveur de l’intérêt populaire. C’est pourquoi, les nôtres sont différentes. Et nous sommes contre la proposition de paix sociale qui conduit à la collaboration de classes. Elle ne peut exister dans le cadre du capitalisme car il y a deux classes opposées. L’important est de renforcer la lutte des classes.

 

 

     Pour ma part, j'adhère complètement à la réponse faite par Yannis Gkiolas à la dernière question du journaliste de l'Humanité. Concernant la journée de grèves et de manifestations organisée par la CES (fédération syndicale à l'échelle européenne), le 29 février prochain, on voit tous les freins exercés par les syndicats réformistes, notamment en France avec FO et la CFDT qui n'appelleront pas à la grève. La collaboration de classes de ces syndicats n'est pas la vue d'un esprit sectaire. Dernièrement, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, ne déclarait-il pas: "En matière de retraite, je suis plus proche des idées de François Bayrou que de François Hollande". A mon avis, là, tout est dit. Pour autant, c'est au niveau des entreprises et de l'école que nous parviendront à l'unité d'action pour changer vraiment l'Europe et la journée du 29 février 2012 doit en être l'occasion avant et surtout après.

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