Il était un petit navire
En fait de petit navire, c'est un cargo, le KM Brenem, battant pavillon maltais, échoué en Bretagne, à proximité de la Baie d'Etel, site naturel protégé et centre important d'ostréiculture.
Le KM Brenem avait quitté Lorient malgré l'avis de très forte tempête émis par la météo marine. Conséquences, battu par les vents et les flots, il a dérivé pour venir s'échouer sur le rivage breton. Les 19 hommes d'équipage, de ce navire long de 109 m et pouvant transporter 31 000 tonnes, sont sains et saufs. Pour autant, une pollution écologique de plus pour la Bretagne, doublée d'une autre économique, si le fioul des réservoirs du cargo empoisonne les parcs à huîtres de la ria d'Etel.
Et désormais, pas question de remorquer le KM Brenem au large, le risque de désosser un bâtiment vieux de 29 ans (pas moins) est maximal.
L'Elysée a envoyé deux bons samaritains sur les lieux de l'échouage: Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie et Bruno Le Maire, lui de l'Agriculture et de la Mer. "y a qu'à et faut qu'on" furent en résumé leurs propos éclairés. Dans le genre, la capitainerie d'un port devrait interdire la sortie en mer d'un navire en cas de forte tempête. Ah oui, et comment? Par une canonnière de notre marine nationale? Car à moins de vouloir déclarer la guerre à un pays frère, autrement, dans l'Union européenne, le transport des marchandises est totalement libre sur terre, dans les airs et sur les flots: concurrence libre et non faussée oblige.
Pour ceux qui ne le savent pas, l'île de Malte est le plus petit état (350 000 habitants) à la fois de l'Union européenne et de la zone euro, ce depuis 2009. Plus petit état, mais 5ème puissance maritime mondiale, derrière le Panama, le Libéria, les Bahamas et la Grèce. Malte, comme pays du top 5 de la flotte marchande internationale, offre des facilités aux rapaces des mers. Celles cédées par la république maltaise sont:
- exonération fiscales pour les propriétaires, affréteurs et armateurs de navires de plus de 1000 tonnes (tel ceux du KM Brenem)
- aucune inspection nécessaire pour les navires de moins de 15 ans, peu pour ceux de 16 à 20 ans et beaucoup moins encore pour les plus vieux (tel le KM Brenem construit en 1982). De plus, les société d'inspection ne sont pas indépendantes, soit privées ou sous le contrôle d'un état battant pavillon de complaisance.
- aucune restriction de nationalité pour les officiers et l'équipage (et donc zéro ou presque pour la sécurité et les droits sociaux).
L'ITF, fédération internationale des ouvriers des transports maritimes, classe la république de Malte dans les états faisant battre pavillon de complaisance, soit 63% de la flotte internationale. L'Erika, de sinistre mémoire; ce pétrolier échoué en Bretagne en 1999, navigait sous pavillon maltais.
Par contre, Bruxelles dit que la situation s'est améliorée à ce sujet concernant Malte.
Sans doute à cause de la concurrence libre et non faussée. Surtout, la France et la Grande-Bretagne, (notre pays avec ses îles de Kerguelen, la seconde pour ses îles anglo-normandes), battent aussi pavillons de complaisance, toujours en vertu de la concurrence libre et non faussée. Il faut s'attaquer aux patrons voyous, avait proclamé le candidat à sa réélection à l'Elysée. Ben voyons et contre les états rapaces des mers?