Gare au gorille
Quel lien, allez-vous me demander, entre ce bouquet de violettes de Toulouse et le titre de l'article qu'on pourrait tirer d'une chanson du regretté Georges Brassens? Aucune, mais il y a des jours où l'on aimerait respirer un autre air en terre de France. Et emporté dans ma rêverie, j'ai songé au parfum des violettes naturelles de mon Languedoc natal.
En fait, j'ai appris, en zappant par inadvertance sur la toile, que le garde du corps de la fille de son père avait sorti un bouquin. Le point, le Figaro, le Parisien, France soir, comme LCI et sans doute d'autres organes de presse, bref les médias dont je ne raffole pas, s'en sont fait l'écho. Coïncidence, ne trouvez-vous pas, en pleine campagne électorale!
Et puis dans le train de banlieue, autre coïncidence, le gratuit 20 minutes, sur une banquette, qui parle du gorille qui a gardé le corps du fondateur du Front national, avant de surveiller celui de sa fille. Je vous livre son portrait en copier-coller. Bien évidemment, surtout ne perdez pas votre fric pour acheter son bouquin. Les lignes qui suivent parlent assez bien du personnage, du Fn et de leurs fréquentations. (Le surlignage est de ma pomme).
"Son nom est inconnu du grand public, mais son visage l'est moins. Son crâne chauve est systématiquement dans l'ombre de Marine Le Pen après avoir été, pendant vingt ans, dans celle de son père. Normal, Thierry Légier, 1,90 m et 97 kg, est le garde du corps de la candidate du FN. Dans son livre Mission Le Pen (éd. du Toucan), il revient sur deux décennies de coulisses avec Jean-Marie Le Pen. Il raconte comment «tout a commencé en 1992».
Cet ancien parachutiste du 3e RPIMA de Carcassonne, devenu barbouze –il a notamment opéré au Gabon– est invité par un adjoint de Paul Barril, ex-boss de l'antiterrorisme qui a créé une société de sécurité privée. Il lui propose de remplacer «Freddy, le bourreau de Béthune», ancienne star du catch et garde du corps vieillissant de Jean-Marie Le Pen. Thierry Légier hésite. «Au niveau professionnel, c'était marqué.»
Mais il accepte. Il faut dire que celui qui se définit comme «patriote» a milité au mouvement monarchiste Action française quand il avait 15-16 ans. Après, ce n'est que du bonheur. Thierry Légier raconte avec exaltation les meetings chahutés par les «gauchistes», les voyages «qui fleurent bon l'aventure et le danger», comme il les aime, en Irak pour aller serrer la pince à Saddam Hussein ou en Bosnie pour saluer Radovan Karadzic.
Mais aussi les bons mots de son protégé qui choquent les bien-pensants. Et retrouve la fierté de son ancêtre normand Charles Massif, «écuyer de petite noblesse», qui assurait la protection d'Anne d'Autriche.
Depuis janvier 2010, c'est la fille qu'il protège. «Elle est plus malléable», se réjouit Thierry Légier qui assure être prêt à mourir pour elle. Pour en réduire la probabilité, il a troqué son 357 Magnum contre un Glock 26 qui contient «davantage de munitions». Mais Thierry Légier n'est pas «une caricature de gorille», qu'on se le dise. Il se définit davantage comme «un homme de confiance» qui entraîne Marine Le Pen au tir quand elle en a le temps. Ou qui donne des instructions aux journalistes dont les relations avec Marine Le Pen sont parfois tendues lors de certains déplacements. Et Thierry Légier a franchi le Rubicon de la politique en 2010 en se faisant élire conseiller régional FN en Haute-Normandie. Merci patrons." (fin de l'artcle)
Note de ma pomme: les plus jeunes ont entendu parler des "démocrates pur jus" qu'étaient le serbe Radovan Karadzic ou l'irakien Saddam Hussein.
Mais peut-être ne connaissent-ils l'Action française, que 20 minutes définit comme un mouvement monarchiste. Non, cela n'a rien d'un groupuscule qui se réunirait à chaque anniversaire de la mort de Louis XVI pour verser une larme. Résolument nationaliste, L'Action française est, dès sa création, pour abattre la République. Elle sera furieusement antisémite et bien évidemment du camp des antidreyfusards. Catholique intégriste, la Papauté sera obligée de couper ses liens avec elle. Le 6 février 1934, avec d'autres ligues factieuses, elle marche, au premier rang, sur la Chambre des députés pour renverser la République. Après la prise de pouvoir du maréchal Pétain en juillet 1940, Charles Maurras, son idéologue, parlera de 'divine surprise" avec la Révolution nationale instaurée par le régime de Vichy. Et durant la Deuxième Guerre mondiale, nombre de ses partisans seront des collaborationnistes forcenés.