Et les paradis fiscaux?
Ils sont absents, ou presque de cette campagne. Bon, que Nicolas Sarkozy et la candidate du Fn, fille de l'héritier des ciments Lambert, tous deux se côtoyant dans les beaux quartiers, n'en parlent pas, ça paraît normal: on n'attaque jamais le camp d'où l'on provient et qui ferait avancer la machine à voix. Pour autant, ce sont des centaines de milliards de dollars de fraude fiscale chaque année (plutôt plus que moins, vu le secret bancaire qui l'entoure)!
Nicolas Sarkozy avait tempêté à Cannes, lors du G 20 qu'il dirigeait: il allait s'en prendre à ces 11 états "pas dotés d'un cadre juridique adapté à l'échange d'informations fiscales". C'était bien dit et enveloppé dans du papier cadeau, pour faire prendre des vessies pour des lanternes. Mais, il n'en a rien été. Pourtant, les pays concernés ne sont que des confettis d'états: le Brunei, le Vanuatu, l'Uruguay, Antigua et Barbuda, la Barbade, le Botswana, le Panama, les Seychelles, Trinidad et Tobago.
Alors que dire des autres paradis fiscaux ayant pignons sur rue, eux absents de la liste des états voyoux, avec pour nom, la Suisse, le Luxembourg, le Liechtenstein, la City de Londres et les îles anglo-françaises de sa majesté Elisabeth II, l'île de Man ou l'état du Delaware aux USA.
Bon, Nicolas Sarkozy est du côté des riches et du patronat, et de ce fait, il ne tentera jamais rien contre les paradis fiscaux. Mais les deux François, Hollande et Bayrou, ses deux adversaires politiques, quelle imprécision à ce sujet de leur part, comme s'ils y avaient des intérêts cachés. Car, jusqu'à preuve du contraire, ni l'un ni l'autre ne cite aucun nom: à cause du Luxembourg ou de la Grande-Bretagne, membres de l'UE? Et si l'on parle bien "de moyens de lutter contre la fraude fiscale", pourquoi ne pas les citer pour éclairer les citoyens, non?
Je viens d'énumérer un certain nombre de paradis fiscaux. Mais il ne faut rester aussi silencieux contre les banques et les entreprises, les plus grandes utilisatrices de cette fraude organisée, plus que que tout autre particulier richissime.
Le Conseil des prélèvements obligatoires (organisme officiel) révèle le taux d'imposition des entreprises françaises: 8% pour celles du CAC 40, 13% pour celles de plus de 2 000 salariés, 30% pour celles de moins de 9 salariés. Etonnant non, plus on a du blé, moins on est imposé! En ce qui concerne les banques, par exemple, BNP-Paribas: pourquoi a-t-elle 62 filiales au Luxembourg et 27 aux Îles Caïman?
La candidate EELV propose "des mesures concrètes pour faire reculer le secret bancaire, mais moins pour s'attaquer à l'évasion fiscale des multinationales", dit CCFD-Terre solidaire.
Le Front de gauche s'attaque également au secret bancaire, mais veut légiférer sur la transparence financière des entreprises, "le nerf de la guerre", toujours pour CCFD-Terre solidaire. En effet, le Front de gauche revendique que les représentants élus des salariés aient des pouvoirs nouveaux et que le statut des grandes entreprises soit redéfini en tenant compte de leur responsabilité sociale. Plus de pouvoir économique entre les mains des seuls actionnaires, les élus du personnel doivent participer aux choix d'investissement des entreprises et celles-ci être gérées dans la plus grande transparence démocratique.