Du rififric autour du Mont-St-Michel
C'est la guerre qui est déclarée à propos d'un des sites touristiques français internationalement connu. Le Mont-St-Michel est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais c'est que cette merveille architecturale, en plus du plaisir des yeux et de toute son histoire à travers les siècles, rapporte aussi gros en oseille sonnante et trébuchante et pas que. En effet, plus de 3 millions de visiteurs viennent l'admirer chaque année (3 250 000 en 2006).
Alors, voilà l'histoire. Le Mont-St-Michel est aussi une commune. Et pour ses 44 habitants (recensement de 2009) elle a un maire et un conseil municipal. Son premier magistrat s'appelle Eric Vannier, élu sans étiquette, mais aussi patron des très célèbres établissements Mère Poulard. En fait, selon Fr3 Basse-Normandie, Eric Vannier exploite 30 commerces (80% sur le rocher et 20% sur la côte), soit un chiffre d'affaires de 29 millions d'euros par an.
Et depuis le 28 avril 2012, des navettes Veolia transportent les touristes depuis la côte au mont. Et devinez d'où partent ces navettes? Juste devant les établissements commerciaux de la Mère Poulard. Attention, tout ça fut avalisé par le syndicat mixte du mont-Saint-Michel, le 6 octobre 2009. Un choix que le président PS dudit syndicat a longtemps défendu. Bon, dans cette affaire, on avait un peu oublié les 900 m de marche à pied, depuis le parking obligatoire en pleine terre jusqu'au départ des navettes. Mais devant la volée de bois vert sur Laurent Beauvais, président PS du syndicat mixte et aussi de la région Basse-Normandie, celui-ci tente de revoir sa copie avec Véolia...
En attendant, Patrick Gaulois, propriétaire de plusieurs hôtels sur le rocher, qui en fut le maire de 2001 à 2008, assigne en correctionnelle son rival politique et commercial qu'est Eric Vannier, membre du syndicat mixte pour "prise illégale d'intérêt". L'audience est programmée ce mercredi au tribunal de Coutances, dans la Manche.
Oui, parce que business is business, même sur un mont consacré à l'archange saint Michel, celui qui a terrassé le dragon. Mais pas les marchands du Temple: CQFD.
Aux dernières nouvelles, le procureur a requis contre monsieur Vannier 6 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d'amende. Le Jugement sera rendu le 27 février.
Le procureur a admis que la question de la prise illégale d'intérêt se posait aussi quand M. Gaulois était maire et qu'"il n'y en ait
pas un pour rattraper l'autre". Mais les faits d'avant 2008 sont prescrits.
"Dans d'autres pays j'aurais eu une médaille pour avoir défendu ce projet d'intérêt public. J'aurais préféré une meilleure reconnaissance que le
tribunal", a déclaré Eric Vannier devant des journalistes lors d'une suspension d'audience. On ne peut qu'espérer que l'archange saint Michel l'entende...