Chemins de faire (2)
Toujours du fond de mon grenier, ces lignes écrites à l'encre de mon coeur de Languedocien, puis lorsque je devins cheminot en région parisienne. Et j'ai toujours l'insolence de vous les dire sous le titre Chemins de faire, de temps en temps, dans ce monde dur et gris.
Révolutionnaire
Le vieux vigneron
Assis
Sa couronne blanchie
Regarde la feuillée
S'éfaufiler au vent mauvais.
Demain
Sa montre
Ne marquera pas l’heure nouvelle.
Mais avant de s’endormir
Ses mains anciennes
S’enrouleront à sa canne
Et de la terre vers son cœur
Accourront
Tous les échos des siècles.
En mémoire de mon grand-père Andal Casas, combattant CNT-FAI durant la guerre d'Espagne, puis ouvrier viticole syndiqué à la CGT à Narbonne.
Le Paris-Rouen
Sur un chantier des ombres se faufilent
Avant qu'un train ne les lèche et défile.
Mais qui prête attention à leurs visages
Bleuis de peine, mal-aimés, sans âge?
Au passage du monstre qui déboule
Ils ont tangué comme pris par la houle.
Pourtant, dans leur vertige, naît un sourire,
Une belle idée qui semble tout dire...
Voyagez banquiers, bourgeois et tribuns,
Sans un regard sur nous, gens du commun!
Mais il n'empêche et voici notre foi:
Un jour sera, nous serons maîtres de la voie.
En mémoire des poseurs de voie, sur la ligne de Paris à Rouen, en 1843.