Casse-toi, pauv'con
A dire vrai, ça aurait pu se dire dans le bureau du juge d'instruction Gentil, mais ça n'a pas été dit du tout lorsque Nicolas Sarkozy s'est vu mettre en examen par le magistrat.
Mais "l'atmosphère était très tendue en fin de confrontation", disent Le Monde et Le Parisien, M. Sarkozy a tenu des propos que le juge Jean-Michel Gentil a ressentis comme une menace et il a voulu les faire acter par sa greffière. Mais Me Herzog, l'avocat de M. Sarkozy, s'y est opposé de "façon forte".
Nicolas Sarkozy, qui venait d'être mis en examen par M. Gentil et ses collègues Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, a d'abord dénoncé "une injustice". Puis, comme le juge lui disait que l'audition était terminée, il aurait ajouté, selon Le Monde: "Ne vous inquiétez pas, je n'en resterai pas là" et selon Le Parisien: "je ne crois pas, non. Ce n'est pas terminé".
L'avocat de M. Sarkozy, Me Herzog, n'était pas joignable samedi matin.
En revanche celui de M. Gentil, Me Barousse, a remarqué que "l'Etat de droit est le fondement de la démocratie, et que se faire ainsi vilipender, montrer du doigt, est le signe d'un Etat de droit pas encore complètement digéré et accepté, où l'ancien souverain semble quelque chose de sacré et d'intouchable". Il a aussi rappelé que le juge Gentil travaille de manière collégiale dans cette affaire : "Toutes les décisions sont prises à trois".
Le 23 novembre, au lendemain du placement sous le statut de témoin assisté de M. Sarkozy, les trois juges avaient fait publier un communiqué de mise au point après les propos ironiques de Me Herzog sur une possible confusion qu'ils auraient faite entre Liliane Bettencourt et Ingrid Betancourt ex-otage des Farc. Comme quoi il y aurait de la récidive de la part de l'avocat de l'ex-président de la République.
Mais quand même, au-delà de la présomption d'innocence (ah cette chère présomption d'innocence qui va si bien à certains et pas à d'autres), en vertu donc de la présomption d'innocence qui protège quelqu'un qui n'a pas été encore jugé, le crime de lèse-majesté existe-t-il toujours en France?
Oui si l'on écoute le ban et l'arrière ban de l'ex-locataire de l'Elysée,
Oui, si l'on écoute aussi un autre avocat, Georges Kiejman, ancien garde des Sceaux du socialiste François
Mitterrand. Il vient de qualifier la mise en examen de Nicolas Sarkozy de "mauvais coup porté à la
justice". Et pour parachever sa plaidoirie en faveur de l'ex-président UMP des riches et du patronat, il dit du juge
d'instruction: "Et peu m'importe que son auteur ait voulu ou non rejoindre au Panthéon quelques gloires judiciaires
que leur narcissisme a rendu illustres".
Moralité: Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir. Pardon, rectificatif: les jugements de certains avocats décideront d'emblée que comme vous êtes blanc, vous ne passerez pas devant une Cour de justice.