Attention, les meubles ont des oreilles!
Un article de Canaille le rouge (sur over-blog), à déguster sans façon:
Camarade lecteur, toi qui travaille, a travaillé, a dans ton entourage des gens qui sont salariés d'une des boites énumérées en fin de message, lis donc ceci et si tu connais des syndicalistes de ces boites passe leur le message : Ikéa est le colis qui cache le contenu de l'entrepôt.
Ce qui ne retire rien à la responsabilité des coyotes du crotale des saussaies ce sont bien ses services qui répondent présent à ce genre de sollicitation.
Le géant suédois de l'ameublement Ikea n'hésitait pas à piocher, via Sûreté International, une société de sécurité française, dans plusieurs fichiers de police, dont le Stic (le Système de traitement des infractions constatées), une base de données de plusieurs dizaines de millions de noms critiquée pour ses nombreuses inexactitudes.
Une série d'e-mails internes à la société que s'est procurés Le Canard enchaîné montre qu'à partir de 2003, la direction du risque de la branche française de l'enseigne suédoise a régulièrement demandé à vérifier l'appartenance de numéros de téléphone, si tel salarié ou client était « connu des services », ou si la voiture qu'il utilisait était bien « immatriculée à [son] nom ».
Petit florilège des demandes – concernant parfois plus de 200 personnes à la fois – formulées par Ikea, relevé par Le Canard [les fautes et abréviations sont d'origine, ndlr] :
« Personne en embauche sur le magasin de Paris Nord. Merci de me donner son casier. »
« Possible de savoir qui est le propriétaire de ce véhicule svp ? »
« Son discours est antimondialiste, ses méthodes “vieille garde CGT” (se bouche les oreilles et répètent sans cesse la même chose concernant ses acquis). Syndicalisme ? correspond pas trop au profil de sa dame. Prosélytisme divers ? ATAC ou autres ? Risque de menace ecoterroriste ? »
Le Stic regroupe des informations relatives à tous les individus impliqués dans une infraction (auteurs présumés et victimes) et interpellés par la police. C'est aussi un fichier très critiqué. Lors d'une inspection en 2008 par la Cnil, il est apparu que seules 17% des fiches concernant les individus mis en cause étaient exactes.
Comment l'entreprise Sûreté International a-t-elle eu accès à ce fichier ? Contacté par Rue89, l'ancien PDG de l'entreprise (il a souhaité garder l'anonymat) – qui a « modifié son activité » en 2005 – « dément formellement » toute implication et soupçonne certains de ses anciens salariés d'avoir travaillé derrière son dos :
« C'est impossible, ce n'est pas ce qu'on fait, c'est illégal ! On travaille pour Ikea – nous fournissons de la formation et nous créons des procédures de sécurité. Certains de mes salariés ont monté un cabinet parallèle, en profitant des connexions qu'on avait avec la direction. Ils ont été licenciés pour faute en 2004 [notamment Yann Messian, mentionné par le Canard, ndlr], et il y a eu un procès pour concurrence déloyale. »
L'accès non autorisé à ce fichier est en tout cas sévèrement réprimé : un commandant de police qui avait exhumé les fichiers de Johnny Hallyday et de Jamel Debbouze pour dénoncer le manque de fiabilité du fichier a été mis en examen pour « détournement de données confidentielles » et violation du secret professionnel. 100 000 personnes sont habilitées à accéder à ce fichier, qui est consulté 20 millions de fois par an.
Ikea, loin du modèle suédois
Début 2010, un mouvement de grève avait touché certains magasins Ikea en France, afin de demander une augmentation des salaires. Un salarié, interrogé par Rue89, expliquait que Ikea France « ne suit pas le vrai concept de rémunération comme le fait la Suède ».
L'été dernier, les employés d'un magasin Ikea de Virginie, aux Etats-Unis, se fédérait en un syndicat pour dénoncer « un management digne des plantations », pointant du doigt les rythmes de travail, les discriminations et les heures supplémentaires obligatoires. Une affaire qui avait fait grand bruit en Suède, où les salariés du groupe sont bien mieux traités et où l'entreprise est souvent citée en modèle.
Un modèle qui avait déjà été sérieusement ébranlé par la parution en 2010 de « Sanningen om Ikea » (« La Vérité sur Ikea »), un livre choc dans lequel un ancien haut dirigeant accusait la firme de racisme et de népotisme. Et dénonçait, déjà, l'utilisation de méthodes de surveillance de ses employés dignes « de la Stasi ».
Cultivons le réflexe anticommuniste à l'occasion : "c'est digne de la stasi" ce qui est certainement vrai mais on a oublié les RG, la DST, ou les FBI de MacCarthy.
Voici la liste des entreprises en portefeuille chez Sûreté International:
AEROPORT DE PARIS
ARCHIVES DEPARTEMENTALES 77
BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE France
CAF DE PARIS
CAF DE SEINE SAINT DENIS
CAF DU LOT ET GARONNE
CAF DU VAL DE MARNE
CCI DE L'ESSONNE
CCI DE L'EURE
CCI DE LYON
CCI DE PARIS VAL DE MARNE
CCI DE VERSAILLE - VAL D'OISE – YVELINES
CITE DES SCIENCES ET DE L'INDUSTRIE
COMMUNAUTE URBAINE DE LYON
CONSEIL GENERAL DE SEINE ET MARNE
GENDARMERIE NATIONALE
IRFAF
LA POSTE
MINISTERE DE LA DEFENSE
MINISTERE DE LA JUSTICE
PARC DE LA VILLETTE
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
RADIO France
SNCF
autres société privéeAB ASSOCIATE
ADP-GSI
AIR LIB
AUCHAN
AVENTIS
AXS TELECOM
BRASSERIES HEINEKEN
BULL S.A.
BUREAU VERITAS
CABINETS D'AVOCATS
CANAL SATTELLITE
CANAL+
CEFAC
CFO
COCA-COLA
COFLEXIP
COMITE D'ORGANISATION DE LA COUPE DU MONDE DE
FOOTBALL 1998
DAIMLER CHRYSLER
DILIPACK
EADS
EQUANT
ESPACE EXPANSION - FORUM DES
HALLES
EXAPAQ
GIVENCHY
GRH SYSTEM
GROUPAMA
GROUPE CARREFOUR
HYATT REGENCY
IKEA
INDESIT
INERIS
L2Ei
LE BON MARCHE
LIBERTY SURF
LTC CORPORATION
MC DONALD'S
MEDIAMETRIE
MENSYS INTERNATIONAL
MICHELIN
PROMODES
RANK XEROX
RSL COM
SAFRAN
SAI
SAVAC
SEPTODONT
SHELL
SIVOM DE METZ
SOCIETE GENERALE
SOCIETE NOUVELLE D'EXPLOITATION DE LA TOUR
EIFFEL
SODEBO
SONY MUSIC France
ST MICROELECTRONICS
SYSECA
THALES
THOMSON CSF
UNILEVER
VILLE DE CORBEIL ESSONNES
WASTEELS INTERNATIONAL