Argentine, les "Mères de la Place de mai"
En Argentine, le 24 mars 1976, soutenu par les USA, un coup d'état militaire porte au pouvoir le général Jorge Videla. Du jour au lendemain, an nom du national-catholicisme, une terrible répression s'abat sur les opposants. 500 000 d'entre eux réussissent à fuir le pays, mais plus de 30 000, hommes et femmes, vont être parqués dans 500 centres de détention. Ils y sont torturés puis assassinés. Les femmes enceintes, avant d'être tuées, accouchent dans des conditions ignobles en toute inhumanité.
Cette horrible tragédie va être connue grâce aux "Mères de la Place de
mai". Du jour au lendemain, leurs fils ou leurs filles ont disparu. Alors, mères courage, chaque jeudi, durant une demi-heure, sous les fenêtres de la dictature militaire, elles se
rassemblent. Elles demandent des explications sur la Plaza de mayo, au coeur même de Buenos Aires, la capitale de l'Argentine.
Les militaires s'en amusent et les traitent de "folles de la place de mai". Corsetés dans leur univers machiste, ils pensent que ce petit mouvement va s'éteindre. Mais chaque jeudi, les Mères restent présentes sur la place de mai. Leur nombre grandit et elles vont enquêter de leur propre chef.
Ainsi, vont-elle faire connaître au monde entier que des prisonnières enceintes sont incarcérées dans l'École de mécanique de la marine, avant d'accoucher et d'être assassinées. Ce lieu de torture et de mort est tout près du grand stade de football, dans lequel, en 1978, le jour de la finale de la coupe du monde, le général Videla remet le trophée aux vainqueurs. Oui, les instances internationales du foot n'ont que faire de ces choses-là.
Le rassemblement sur la place de mai à Buenos aires va se muer en marche pour la liberté et la résistance et des soutiens
vont parvenir du monde entier.
Cette traque meurtrière envers les "éléments subversifs" de la dictature n'est pas l'oeuvre de fous. Elle résulte d'un plan systématique organisé au plus haut niveau de l'Etat: hommes et femmes vont y être engloutis, civils et petits ecclésiastiques épris eux aussi de fraternité, de liberté et de démocratie.
Le pire est atteint lorsqu'on découvre que plus de 500 bébés ont été confiés aux familles des tortionnaires, toutes catholiques pratiquantes, qui ont assassinés leurs mères. Grâce aux "Mères de la Place de mai", 107 enfants seront retrouvés, certains âgés d'une trentaine d'année.
La dictature militaire va sévir en Argentine de 1976 à 1983. Plus tard, des lois d'amnistie seront votées pour exempter les bourreaux de toute poursuite.
Cristina Kirchner, actuellement présidente de l'Argentine, a fait lever toutes ces lois d'amnistie. Les généraux et leurs complices, qui se crurent à l'abri dans leur propre pays, sont jugés. Ce que n'a pas voulu faire faire L'Espagne après la dictature du général Franco.
700 tortionnaires argentins sont en prison dont le général Videla et son successeur le général Viola. Plus de 1000 autres sont en attente de jugements.
A cette époque, des "Mères de la place de mai", parce qu'elles sont catholiques, rencontrent celui que le Vatican s'est donné aujourd'hui comme chef de l'Église catholique. Il n'a rien fait. Certes, Le responsable des Jésuites Jorge Mario Bergoglio n'a pas torturé ni assassiné qui que ce soit. Mais de sa part, est-ce-là ce message d'amour et de paix délivré par les Évangiles envers les plus faibles et les opprimés?
En octobre 2007, le prêtre Christian von Wernich est condamné pour torture, acte qualifié de crime contre l'humanité commis pendant la dictature. Lorsque est évoqué le soutien apporté par la hiérarchie catholique à la junte militaire, le cardinal Bergoglio exclut que l'Église puisse en tant qu'institution avoir une part dans les crimes, rejetant cette responsabilité sur des individus isolés.