8 novembre 1942: José Aboulker, patriote oublié
José Aboulker est né à Alger, le 5 mars 1920, dans une famille israélite. En avril 1940, il fonde un mouvement de résistance.
A cette époque, toute l'Afrique du Nord est sous l'administration du régime de Pétain, l'allié inconditionnel d'Adolf Hitler. Cette administration coloniale et pétainiste a sous ses ordres 100 000 soldats et fait appliquer les lois de l'Etat français.
Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1942, c'est l'opération Torch. Depuis Gibraltar, Américains et Anglais débarquent simultanément à Casablanca, au Maroc, à Oran et à Alger, en Algérie. Cela va conduire au premiers revers militaire majeur de l'Allemagne nazie.
Pour autant, l'administration française en Afrique du nord obéit aux ordres de Pétain qui sont de combattre les Alliés. Et pour ce faire, les Allemands libèrent aussi des fronstalags, des soldats "indigènes" d'Afrique du Nord, qu'ils maintenaient en captivité en France et que le gouvernement de Vichy rapatrie.

Au Maroc et à Oran, les combats sont terribles et entraînent des milliers de morts. En Tunisie, les autorités pétainistes remettent carrément le pays aux mains des Allemands qui s'y maintiennent jusqu'en avril 1943.
A Alger, les choses se passent différemment. Sous la conduite de José Aboulker, 400 jeunes résistants en occupent les points stratégiques et arrêtent les responsables militaires et civils vichystes, à commencer par le général Juin (pas encore maréchal et commandant en chef des troupes pétainistes) et l’amiral François Darlan, dauphin désigné par Pétain pour lui succéder et qui se trouve par hasard en Algérie.
Lorsque le XIXe corps d’armée vichyste, enfin conscient de l’opération, tente de se mobiliser au matin, il est trop tard, même s'il libère le général Juin et l'amiral Darlan. Les alliés ont débarqué et la résistance algéroise paralyse la mobilisation des troupes vichystes.
Ainsi, au soir du 8 novembre 1942, la victoire des Alliés est totale, le grand port d'Alger est intact, Darlan et Juin ont signé leur reddition. Ils sont forcés alors d'ordonner le cessez-le-feu au Maroc où 10 000 soldats des forces pétainistes combattent encore.
Pour des raisons politiques, Darlan est toutefois adoubé par les Américains comme chef de l'Afrique du Nord. Puis après son assassinat, ceux-ci désignent le général Giraud, écartant de ce fait le général de Gaulle, chef de la France libre. Dès lors, en Afrique du Nord, on fait du "vichysme sans Vichy" jusqu'à l'été 1943: les lois de l'Etat français perdurent y compris les lois antisémites; les communistes et les républicains espagnols réfugiés sont maintenus dans des camps; vont les rejoindre des résistants de ce 8 novembre 1942, jugés trop indépendants, dont José Aboulker.
Libéré après la Conférence d’Anfa, José Aboulker rejoint Londres en mai 1943 et s’engage dans les Forces françaises libres. En octobre 1943, il est envoyé clandestinement en France occupée, comme délégué à l'organisation du service de santé des maquis et des FFI . De retour à Londres en juin 1944, il rejoint Alger, où il soutient sa thèse de médecine.
En août 1944, il repart dans le sud de la France en insurrection afin d'installer les commissaires de la République à Toulouse, Limoges et Clermont-Ferrand. Il est décoré par Charles de Gaulle Compagnon de la Libération.
Il devient enfin professeur de neuro-chirurgie et chef de service des Hôpitaux de Paris.
Il fut aussi un militant infatigable de la cause de l'émancipation des peuples, et contre toutes les guerres coloniales que la France engagea dès 1946. Aux lendemains du massacre du 8 mai 1945 à Sétif, en Algérie, il adhère au PCF. il fut aussi président de l'Association médicale franco-palestinienne, devenue l'Association France-Palestine Solidarité.
José Aboulker décède à Paris le 17 novembre 2009. Aucune des rues du 5ème arrondissement, où il a vécu et milité, ne porte son nom.