140 écoliers fans de Sarkozy
Le ciel était bleu et les écoliers de Lavaur montraient de la joie en ce mardi 7 février 2012: les médias ont passé en boucle la visite du presque candidat Nicolas Sarkozy, dans cette ville du Tarn. Ils se sont attardés sur une haie d'enfants brandissant de petits drapeaux tricolores et louant, par des vivats enthousiastes, ses exceptionnels mérites. La Dépêche du Midi, le quotidien régional, cite une animatrice accompagnant les gosses et qui happant le président de la République, l'embrasse.
En fait, c'était encore du cinoche, mais cette fois pas un navet mais une séance de pure propagande que l'on ne croyait servie que sous l'azur emmuré de quelque dictature. Depuis, la presse locale raconte le grand émoi de certains parents devant cette mise en scène concoctée par la mairie.
Bon, la directrice de ce centre aéré après la classe parle d'une simple "animation" pour occuper les gosses et qu'elle s'était fendue d'un avis aux parents pour les informer de son projet pédagogique. Ce que beaucoup de parents nient à l'évidence dans la Dépêche du Midi, puisqu'une pétition s'élevant contre cette manipulation a été distribuée.
Depuis, la structure accueillant les gosses après les cours et l'école du centre de Lavaur sont injoignables en cette période de vacances. Le député-maire de Lavaur semble lui aussi parti en congés scolaires. Néanmoins, son adjoint chargé des Sports et de la jeunesse, a publié un communiqué:
« J'ai souhaité, à la fois en ma qualité d'ancien enseignant du public, et compte tenu de mes convictions républicaines profondes, que les enfants inscrits à l'Alae se situant sur le parcours, puissent profiter pleinement de cette journée exceptionnelle.
Le seul objectif était que ces enfants puissent voir le Président, le plus près possible afin qu'ils gardent de cet évènement un souvenir fort qu'ils pourront raconter encore en étant adultes.
Compte tenu des contraintes de sécurité particulières, nous avons eu cette possibilité au dernier moment, ce qui explique certaines imperfections.
Si je comprends les interrogations exprimées, je ne peux en revanche accepter la volonté délibérée de nuire, dont certains font preuve. Les sourires et les visages radieux lèvent toute ambiguïté et peuvent rassurer les parents. Les enfants n'ont pas agi sous la contrainte. »
Puisque tout est dit, aucun autre commentaire de ma part.
Si, pourtant, j'ai omis de vous préciser que Bernard Carayon, le député-maire de Lavaur est étiqueté UMP, comme son adjoint d'ailleurs et sans doute aussi la directrice du centre. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy, en campagne avec les deniers publics comme d'habitude, venait parler à la France de sa politique qu'elle est bonne en faveur des familles.
J'ai oublié de dire aussi que des enseignants, ce jour-là ont manifesté contre la suppression d'une classe à Lavaur. Les médias ne les ont pas aperçus. Une cordon de la gendarmerie les tenait loin de la propagande officielle. Et pour qu'il n'y ait aucune tache dans ce paysage idyllique, les dits pandores ont confisqué leur banderole "École sacrifiée, avenir en danger".
Et comme je ne fais aucun commentaire, je n'en dis pas plus.
Hormis que les infos de la Dépêche du Midi me sont parvenues par le biais d'un de mes amis du Tarn, que je remercie.