Les chemins de fer en 1914-1918 aux éditions du Petit Pavé
collision ferroviaire mortelle du 3 août 1914, à Bricquebec, dans la Manche
Dans la fièvre de la Première Guerre mondiale, l'ensemble du réseau ferré français est soumis à rude épreuve. Trop chargés, des wagons de marchandises pour ravitailler le front ou de matériels militaires déraillent. De nombreuses collisions ferroviaires mortelles ensanglantent également le rail.
La première se produit le 4 août 1914, non loin de la gare de Bricquebec, dans le département de la Manche, sur une voie unique de la ligne de Coutances à Sottevast. En cette période exceptionnelle de mobilisation, ne roulent que des trains supplémentaires d’ordre militaire.
Le train de 24 wagons transporte des réservistes majoritairement des Côtes-d’Armor. Il arrive de Lamballe et monte sur Cherbourg. Il cumule du retard après avoir embarqué nombre de mobilisés dans les gares de Bretagne. De ce fait, la gare de Bricquebec, persuadée que l’Armée l’a supprimé, relâche le train stationné de 26 wagons vides venant de Cherbourg. Aucun conducteur n’a roulé sur cette voie unique.
En pleine nuit, à 0 heure 39, dans une courbe et sous un orage, les deux trains se percutent de plein fouet. La machine du train des réservistes recule de quinze mètres, deux wagons sont broyés et deux autres déraillent : 17 morts et 39 blessés.
Les deux trains auraient dû se croiser sur la double voie en gare de Bricquebec. Le Conseil de guerre de Rennes condamne le chef de gare et un cheminot à respectivement 1 000 F et 500 F d'amende pour « négligence, imprudence ou inobservation du règlement, et causé involontairement la mort de dix-sept personnes et en blessant un certain nombre d’autres ».
Le journal L’Ouest-Éclair rapporte la condamnation du Conseil de guerre. Et censure oblige, la catastrophe n’apparaît que le 14 novembre 1914, dans le fond de la page 3 du journal, sans en relater précisément les faits ni toutes les sanctions prononcées.
Ce sont les premiers soldats « Morts pour la France » dans cette toute première catastrophe ferroviaire. Elle ne sera pas la dernière au cours de la Première Guerre mondiale. (...)
La région mantaise n'est pas épargnée avec trois collisions mortelles enregistrées: entre Mantes et Bueil, à Bonnières-sur-Seine ou à Epône.
Extraits de mon ouvrage.
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