Georges Abdallah, plus vieux prisonnier politique en Europe, bientôt libéré?
Né en 1951, le Libanais Georges Abdallah est incarcéré dans le centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) depuis 1987. Or selon la loi de la République française, il peut demander sa libération conditionnelle depuis 1999. Mais 11 demandes de libération conditionnelle ont été entreprises. Sans résultat.
Georges Ibrahim Abdallah est un militant pro-palestinien de longue date. Il est blessé lors de l’invasion israélienne du Liban en 1978. Un an plus tard, il cofonde les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) pour combattre l'état d'Israël.
En 1984, il est arrêté à Lyon pour possession de faux papiers. Il est accusé de complicité dans les assassinats d'un attaché militaire américain et d'un diplomate israélien à Paris, revendiqués par les FARL. Dans cette affaire, l'un des indicateurs des services secrets français est l’avocat d’Abdallah qui révélera être vraiment un agent du renseignement.
Lors du procès de Georges Abdallah 1987, la France est traversée par une vague d’attentats en partie liés aux conflits en cours au Moyen-Orient. Au tribunal, l’accusé nie les faits, mais déclare : « Si le peuple ne m’a pas confié l’honneur de participer à ces actions anti-impérialistes que vous m’attribuez, au moins j’ai l’honneur d’en être accusé ». À la surprise générale, Georges Abdallah est condamné à la perpétuité pour complicité d’assassinat alors que l’avocat général n’avait requis que 10 ans de prison.
Depuis, il croupit en prison. Libérable depuis 25 ans. Ses défenseurs n'ont de cesse de dénoncer les pressions des USA pour le laisser derrière les barreaux.
En 2013, sa huitième demande de libération conditionnelle est enfin acceptée. Mais Hillary Clinton, secrétaire d’État des États-Unis, intervient auprès de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères : « Nous espérons que les autorités françaises pourront trouver une autre base pour contester la légalité de la décision ». L’arrêté d’expulsion vers le Liban, nécessaire à sa libération, n’est pas signé par Manuel Valls, ministre de l’intérieur de François Hollande.
Georges Abdallah toujours incarcéré, Laurent Fabius est président du Conseil constitutionnel de la République française. Manuel Valls devient premier ministre du socialiste Hollande. Puis, il part pérégriner en Catalogne espagnole pour être élu conseiller municipal sur une liste de droite.
Ce vendredi, le tribunal d'application des peines a accepté la libération conditionnelle du plus vieux prisonnier politique de France. Le Parquet national antiterroriste a fait appel. Georges Abdallah reste en prison.