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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

capture d'écran gravure archives municipales Mantes-la-Jolie

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Vendredi 11 octobre 2024 à 19h, Pavillon Duhamel à Mantes-la-Jolie: l'histoire du village de Gassicourt

L'histoire de Gassicourt a longtemps été celle d'un village dédié à l'agriculture sur un territoire très vaste que jalouse Mantes-la-Jolie à l’étroit dans ses 150 ha, contre plus de 700 ha pour le village.

Le chemin de fer traverse Gassicourt en 1843, puis y construit en 1855 la gare de Mantes-Embranchement et le dépôt de machines, puis la station-magasin militaire après la défaite française de 1870. Avant cela, en 1892, s’installe dans la commune la papeterie Braunstein. Gassicourt fusionne avec Mantes en 1930 et la nouvelle commune s'appelle Mantes-Gassicourt jusqu'en 1953 pour devenir ensuite Mantes-la-Jolie. Or, la gare conserve son appellation « gare de Mantes-Gassicourt » jusqu’en 1965.

Gassicourt se nomme successivement Wascicortis, Gacicuria, Gacicort en 1252, Gassicourt lez Mantes en 1379 et Gassicourt en Gravois, dénomination probablement lié à ses gravières ou et à ses lieux-dits : les Graviers, les Gravelaux, les Gravois.

Les sources mentionnent la fondation, peu avant sa mort, par Raoul IV, seigneur de Mauvoisin, de Jouy, de Buchelay, comte de Mantes et du Vexin, d’un petit monastère et d’une église en 1049, pour se faire pardonner ses péchés : les chroniques attestent le caractère « violent et dérangé » de ce seigneur. Son fils Simon installe le prieuré clunisien placé sous le vocable de Saint-Sulpice-le-Pieux vers 1074, pour « servir Dieu avec diligence et lui rendre les louanges qui lui sont dues ». Les chartes en latin mentionnent Wasicourtis près de Medenta. Les nombreuses donations, qui suivent cette fondation, sont le fait de la famille des Mauvoisin, des rois Philippe 1er et Louis VI, et aussi de legs par de riches défunts telle l’île de Gassicourt

En 1295, Gassicourt est transformé en doyenné. Les moines sont de bénédictins partagés entre la prière, lire les Saintes écritures et le travail manuel à l’intérieur du prieuré. Les huit messes coutumières, plus les célébrations du calendrier chrétien, sont chantées debout d’où les 32 stalles installées au début du XVIe siècle. L’église de style roman n’est dédiée à Sainte Anne qu’en 1649.

Le 27 février 1649, le prieuré possède un domaine exploité par deux fermiers, les époux Réaubourg et les époux Hébert. Sur le plan de la fin du XVIIIe siècle : entrée de la cour de ferme à l’ouest du prieuré, pressoirs, fouloir, granges, étables, bergeries, celliers et colombier, 16 arpents de vignes, 160 arpents de labours et 9 arpents de prés. L’un des abbés-doyens, le 24 janvier 1661, n’est autre que le célèbre Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), évêque de Meaux, qui fait prospérer son domaine pour en tirer des revenus conséquents. A sa mort, son neveu, évêque de Trappes, reçoit Gassicourt comme doyen-abbé du prieuré.

Mais au fil des ans, le faible nombre de moines (4), l’entretien du prieuré, la perte de revenus par des conditions climatiques désastreuses et les litiges juridiques incessants des moines envers leur doyen, contre les chanoines ou les bourgeois de Mantes expliquent que l’abbaye de Cluny vende le prieuré en 1738 et envoie les moines à Paris.

Le nouvel acquéreur des terres de Gassicourt est François de Sénozan, seigneur de Rosny. Il devient donc seigneur du village et propriétaire du prieuré qu’il détruit en 1740. L’église Sainte-Anne devient église paroissiale. Les paroissiens délaissent donc la petite chapelle Sainte-Anne, située au bout du chemin du même nom.

Gassicourt recense 66 feux en 1759 selon la Généralité de Paris, avec 34% de terres labourables, 25% de bois et taillis, 15% de vignes et 5% de prairies pour l’élevage de bovins à viande.

Le cadastre napoléonien de 1809 recense 330 habitants dans de petites maisons rurales et une propriété très émiettée, à part l’ancienne ferme du prieuré, plus vaste. En 1833, une seule activité artisanale est mentionnée : la corderie avec 30 ouvriers qui fabriquent des cordes pour la navigation et des ficelles pour la poste. Cette fabrique a disparu dans la monographie de 1899.

Le village reste longtemps à l’écart des grands axes de circulation, y compris de la route royale jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Mais au recensement de 1896, la révolution industrielle bouleverse le tissu social : la population a triplé (985 habitants). Les cultivateurs restent nombreux (43 recensés) mais sont dépassés par 91 cheminots et 67 ouvriers papetiers (47 hommes et 20 femmes). Le développement de la cité des cheminots et celle de la papeterie Braunstien vont accroitre cette population ouvrière.

La gare Mantes-Embranchement s’installe sur Gassicourt en 1855. Elle est gare de bifurcation, de dépassement ou de garage des trains et station-magasin militaire. C’est une gare de deuxième catégorie avec un buffet. Elle prend de l’importance et nécessite un personnel de plus en plus nombreux, d’où le développement de logements sur le territoire de Gassicourt.

Mantes Embranchement et le dépôt de machines donnent naissance à « un hameau de la station ». Le recensement de 1856 comporte 3 maisons abritant 24 personnes.

En 1854, l’ingénieur britannique William Buddicom achète des terres agricoles sur les Vaux Notre-Dame et le fief Saint-Martin et jusqu’au boulevard du maréchal Juin. Le hameau de la station devient la cité Buddicom. Ces maisons sont rachetées par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest en 1865. Le recensement de 1896 montre quatre grands regroupements d’employés du chemin de fer : le chemin latéral, la cité Buddicom, la cité Leroux et la cité Hamon. Et jusqu’à l'actuel boulevard du maréchal Juin.

La population ouvrière croit aussi à partir de l’installation de l'usine des frères Braunstein en 1892. L'usine occupe 16 ha y compris sa cité ouvrière. L’augmentation d’ouvriers est rapide : au recensement de 1896, Gassicourt compte 67 ouvriers et ouvrières papetiers et très vite la municipalité prend la mesure de ce changement : elle envisage la construction d’une mairie-école plus proche de la route nationale pour intégrer les enfants des cheminots, des papetiers et ceux de la laiterie Maggi. Mais consciente de ses faibles moyens, elle prévoit une construction en plusieurs étapes : le plan comprend une école de filles, une école de garçons et la mairie en 1912.

Après la Première Guerre mondiale, la question du rattachement à Mantes se pose. La municipalité de 1919, dirigée par le cheminot Camille Fassier, s’y oppose. Elle est dite de bloc ouvrier et composée de syndiqués, tous adhérents à la coopérative ouvrière la Solidarité Mantaise.

Mais intervient la grève générale des cheminots en mai 1920. C’est un échec. Les grévistes sont réquisitionnés, la troupe occupe les installations ferroviaires, les sanctions pécuniaires pleuvent et 25 cheminots du Mantois, dont une majorité sur Gassicourt, sont révoqués.

La municipalité de bloc ouvrier de Gassicourt est décapitée. Outre la révocation du maire, sont révoqués son premier adjoint Henri Le Fur et les conseillers Émile Paris, Victor Bézier et Georges Guesdon. Ils démissionnent, car sans emploi et chassés de leurs logements attribués par le chemin de fer.   

L’élection municipale partielle reconduit une autre liste de concentration ouvrière, avec le maire Édouard Fabulet, lui aussi cheminot.

 Mais des difficultés apparaissent pour cette nouvelle municipalité : sécuritaire avec un seul garde-champêtre, incendies fréquents avec une dizaine de pompiers et des moyens désuets, électrification du village et de la place de la gare, acheminement d’une conduite d’eau pour la gare et le dépôt vers la Seine, etc.

A Mantes-sur-Seine, Auguste Goust, retraité des chemins de fer, est réélu maire. Les deux maires se rapprochent pour une fusion des deux communes.

Le 30 novembre 1928, une proposition de fusion est adoptée par une majorité du conseil municipal de Gassicourt, après l’ouverture d’une commission d’enquête. Mantes-sur-Seine vote pareillement le 15 décembre 1928.

Peu de participation avec seulement 140 protestations enregistrées à Mantes et moins de 160 à Gassicourt, du 30 décembre 1928 au 6 janvier 1929.

Élections municipales de Gassicourt : 3 listes, celle du maire sortant pour la fusion, celle des communistes opposée (16 cheminots sur 23 candidats), une liste de droite. La liste du maire sortant est réélue le 12 mai 1929. Auguste Goust est réélu à Mantes-sur-Seine contre une liste communiste composée majoritairement de cheminots.

L’élection municipale pour le rattachement est fixée au 4 mai 1930 pour le premier tour : Liste Goust-Fabulet dite Union des gauches Mantes-Gassicourt, 20 candidats de Mantes et 6 de Gassicourt ; liste de droite ; liste de bloc ouvrier et paysan soutenue par le PCF opposée au rattachement. Au 2e tour, la liste Goust-Fabulet est élue et ce dernier devient adjoint spécial chargé de Gassicourt.  

Au conseil municipal de 1932, l’annexe chargée de l’état-civil pour Gassicourt, dans l’ancienne mairie, est supprimée sine die. Et Édouard Fabulet n’est plus adjoint chargé de Gassicourt. Démission des élus de Gassicourt. Municipale partielle du 12 février 1933, plus aucun Gassicourtois sur la liste d’Auguste Goust qui l’emporte. L’annexion de Gassicourt est entérinée.

Vendredi 11 octobre 2024 à 19h, Pavillon Duhamel à Mantes-la-Jolie: l'histoire du village de Gassicourt

Sculpture célébrant la réunion de Gassicourt et de Mantes-sur-Seine, par Robert Husset, célèbre artiste notamment animalier, né à Mantes en 1907 et mort à Paris en 1984

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