Christian Porta, délégué CGT de la boulangerie industrielle Neuhauser, renvoyé de l'usine de Folschviller, en Moselle
En toute illégalité puisque l'Inspection du travail -ah ces fonctionnaires dont on raccourcit toujours plus le nombre en France- refuse son licenciement. Mais derrière l'enseigne Neuhauser, le premier groupe céréalier InVivo, multinationale de l'agro-business (14 500 salariés, 90 sites industriels, 36 pays et 12,4 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2022-23) passe outre et par un huissier, signifie son licenciement à Christian Porta.
Le 7 février, le syndicaliste est mis à pied. La RH d’InVivo l’accuse de "harcèlement", d’"intimidation", et fustige son comportement envers la direction de l’usine. Saisie, puisque Christian Porta est délégué syndical,- ah ces droits conquis qu'on voudrait gommer à tout jamais- l’Inspection du travail enquête et refuse son licenciement et ne reconnait pas en 16 pages des faits de harcèlement. Le 16 février, elle souligne qu’"aucune de ces constatations ne révèle de troubles, ni de gêne importante à l’accomplissement du travail des salariés, ni ne caractérise qu’elle mettrait en péril la santé et la sécurité des salariés".
Au fil des ans, la CGT, conduite par son délégué syndical, a fait de la grève dans l'entreprise un rapport de force soutenu par une majorité de travailleurs: augmentations salariales, passage aux 32 heures rémunérées pour 35 heures avec des embauches, plus d'autres conquêtes sociales obtenues.
Dans la lutte des classes, la direction de l'usine, dans une note interne à son encadrement, que Politis a pu consulter, comme quoi l'encadrement n'est pas OK avec sa haute hiérarchie, ladite direction écrivait donc: "Nous notons un turn-over beaucoup plus important sur le site de Fürst au sein des postes d’encadrement par rapport aux autres sites. Cela constitue un signe majeur d’un climat social délétère. Ce comportement affecte la santé de plusieurs personnes et a d’ores et déjà provoqué de nombreuses démissions, démissions qui se poursuivront et mettront en péril la pérennité de ce site."
Christian Porta a saisit ce vendredi en référé le Conseil de prud'hommes, juridiction exceptionnelle qui traite en urgence les conflits du travail. Conseil de prud'hommes que gouvernement de droite et de gôche ont raboté et que Macron continue de raboter.
Conseil de prud'hommes de Forbach en Moselle: La direction avec ses 2 avocats entourés de cadres. Certains, dans un courrier interne, menaçaient de se mettre en droit de retrait si les Prud'hommes réintégrait Christian Porta. Et l'un des avocats du patron d'affirmer: "la lutte de classe aujourd’hui n’existe plus et qu’il faut dépasser ces clivages". Et d'appeler les juges prud'homaux "à se placer du bon côté de l’histoire ".
Le Conseil de prud'hommes de Forbach rendra sa décision le 24 mai.
Dans le Code civil, instauré par Napoléon, un article instaurait qu'en cas de litige entre un patron et un ouvrier, la priorité était donné au premier.
Heureusement, par les luttes ouvrières, avec tous ses défauts, le Code du travail fut instauré en France et avec lui, les jurisprudences de la Cour de cassation qui s'en réfèrent.
Pour autant, lors de mes mandats comme conseiller prud'homal, combien de fois ai-je entendu les avocats du patronat plaidaient par rapport au sacro-saint Code civil napoléonien?