L'antisémitisme, un délit mais dont les racines sont profondes

De l’antisémitisme, on ne connaît souvent que l’affaire du capitaine Dreyfus, dégradé et condamné à vie à tort au bagne, à la Shoah perpétrée par le Reich hitlérien et les états, dont la France, collaborant à la politique raciale des nazis.

Mais l'antisémitisme remonte à bien plus loin et se retrouve vite instrumentalisée par l'Eglise des papes. Avant le christianisme érigé en religion d'état par l'empire romain, le dernier roi juif de Judée, Hérode Agrippa 1^er, mort en 44 après JC, protégé de l'empereur Caligula et retrouvant sa couronne avec l'empereur Claude, fut le premier persécuteur de la communauté chrétienne établie en Palestine.

Puis, va s'assoir et grandir le christianisme. Il devient religion monothéiste d'état à la fois héritière et rivale du judaïsme. Saint Augustin, évêque d'Hippone, actuellement en Algérie, l'un des quatre Pères de l'église latine, théorise en 413 le "péché originel" juif. L'Eglise adopte cette idée de "peuple déicide" par la crucifixion de Jésus, repoussoir pour convertir les païens. Et la Bible est rebaptisée Ancien Testament par la papauté.

En France, des ghettos juifs sont instaurés dans les villes. Quelle cité n'a pas sa rue de la Juiverie ou des Juifs? Louis IX, dit Saint Louis par l'Eglise et les manuels républicains d'histoire, instaure en 1269 la rouelle, ancêtre de l’étoile jaune des nazis. Lors des croisades pour délivrer le Jérusalem chrétien, des pogroms interviennent contre les Juifs en France ou au Proche-Orient.

La Renaissance et les monarchies successives de droit divin n’empêchent pas l’émergence de théories raciales et de politiques racistes. La Révolution française permet aux juifs d’accéder à la citoyenneté et à la pleine égalité des droits

Mais l'essor industriel et la paupérisation des catégories populaires entrainent de nouvelles haines en quête de boucs émissaires: le Juif bourgeois, riche et influent, du pamphlet russe complotiste Le Protocole des Sages de Sion à Mein Kampf, livre de chevet de l’Allemagne hitlérienne.

Le régime de Pétain s'engage dans cette voie ignoble. Est signé le décret Juif; les juifs algériens ne sont plus français; administration et police française participent aux rafles vers les camps de la mort nazis.

Et Jean-Paul Sartre écrit en 1954: « Si le juif n’existait pas, l’antisémite l’inventerait ».

Pour autant, dire que l'état d'Israël commet des crimes de guerre à Gaza et en Cisjordanie occupée, me catalogue-t-il parmi les antisémites puants ou aveuglés par quelque considération religieuse fascisante?

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