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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Aincourt, le camp oublié, ouvert par le préfet de Seine-et-Oise, sans que les nazis occupant n'en fassent la demande

Chaque année, le premier samedi d'octobre, jour anniversaire de l'ouverture du camp, se déroule à 15h une cérémonie patriotique devant la stèle commémorative de ce tragique évènement, à l'hôpital public d'Aincourt (92).

Aincourt, le camp oublié, ouvert par le préfet de Seine-et-Oise, sans que les nazis occupant n'en fassent la demande

Affichette découverte par la gendarmerie d'Argenteuil ,concernant la rafle des militants du Pcf interdit et des syndicalistes de l'ex-CGTU

Le village d'Aincourt, hier dans l'arrondissement de Mantes-la-Jolie, sous-préfecture de Seine-et-Oise, est aujourd'hui dans le département du Val-d'Oise. Sous l'Occupation, son sanatorium fut réquisitionné par le régime de Vichy et sans que les autorités nazies n'en fassent la demande, dès le 5 octobre 1940, pour être un lieu de détention des communistes de la région parisienne, militants de ce parti interdit et syndicalistes de l'ex-CGTU chassés de la CGT avant-guerre.

Aincourt, le camp oublié

La courte existence du camp d'internement d'Aincourt d'octobre 1940 à mai 1942 et son isolement dans une forêt du Vexin français, font qu'une stèle commémorant sa triste histoire n'est apposée qu'en 1994. Pourtant, comme tous ces camps encerclés par des barbelés, gardés par des gendarmes français et sous contrôle total des autorités de Vichy, il fut aussi l'antichambre de la déportation et de la mort.

Le sanatorium est réquisitionné par Marc Chevalier, préfet de Seine-et-Oise, sans papier officiel, parce qu'écrit ce dernier "les circonstances en commandaient l'urgence et l'opportunisme". En effet, l'un des premiers soucis du régime de Vichy est la "répression du communisme". Dès lors, le camp d'Aincourt est bien le prélude à cette collaboration franche entre le régime de Pétain et l'Allemagne nazie.

Et voici un sanatorium transformé en camp d'internement par les premiers prisonniers, après la rafle de 182 communistes ou supposés l'être. Ces internés déboisent les alentours du pavillon Bonnefoy-Sibour, l'encerclent de trois rangs de barbelés; ils construisent aussi les guérites et les miradors de leurs gardiens. Fin décembre, ils s'entassent à 670 dans un bâtiment initialement prévu pour 150 malades. Ils sont incarcérés là, sans jugement ni procédure judiciaire à leur encontre.

Marcel Peyrouton, ministre de l'Intérieur de Pétain, se félicite de l'emplacement du camp, isolé, sans transport en commun pour le desservir, car "les familles des internés n'auront pas l'idée de venir manifester en ses abords"

Aincourt est administré avec un zèle excessif par son directeur, le commissaire Andrey, sous les ordres du collaborationniste préfet de Seine-et-Oise. Celui-ci se permet d'écrire à son ministre ou à la prison allemande de Compiègne, pour que soit appliqué le régime draconien sévissant dans le camp: brimades et sanctions de toutes sortes, transfert dans des prisons ou dans d'autres camps pour "les plus dangereux d'entre eux", avec pour ceux-ci avis à la Feldkommandantur de Saint-Cloud. De sorte, les Allemands vont puiser parmi eux nombre d'otages pour la déportation ou le peloton d'exécution. Parmi ceux-la, les fusillés de Châteaubriant. Au fil des mois, l'internement reste à prédominance communiste.

Au début de 1942, Vichy décide de fermer le camp, afin que la Résistance ne soit pas tentée de libérer "ce brûlot communiste aux portes de Paris". Les hommes sont transférés dans d'autres camps; demeurent à Aincourt qu'une centaine d'entre eux chargés d'aménager un pavillon pour interner des femmes. Elles arrivent en mai 1942: résistantes communistes, mais aussi Juives et "indésirables" selon le vocable de Vichy (étrangères ou Tsiganes françaises). Huit enfants vont être internés avec leurs mères.

Le 15 septembre 1942, le camp ferme définitivement. Il devient centre de formation des GMR, Groupes mobiles de réserve aux ordres de la collaboration contre la Résistance et les Juifs. Les hommes du camp ont été transférés à Voves, autre lieu d'internement qui va être remis aux autorités allemandes; les femmes sont parties pour Gaillon, certaines d'entre elles vont être envoyées en Allemagne et ne pas revenir des camps nazis de la mort. Les Juives ont été séparées de leurs enfants; après Drancy, elles périront toutes en déportation.

7 internés d'Aincourt sont fusillés directement au Mont-Valérien par les Allemands; plus d'une centaine sont déportés en Allemagne et peu en reviendront. ils ont tous été désignés comme otages par le directeur du camp avec l'aval du préfet de Seine-et-Oise.

La mémoire contre l'oubli, voilà ce qui doit entourer le camp d'Aincourt et les 1 056 hommes, femmes et enfants qui y furent détenus par l'Etat français de Pétain.

La mémoire contre l'oubli à l'heure ou la fille de Jean-Marie Le Pen et ses affidés ont de plus en plus table ouverte sur les ondes et dans les écrans. Ou quand un certain Z affirme que Pétain a sauvé des Juifs.

Le camp ne sera gardé que par des gendarmes mobiles français avec pour directeur, le commissaire Andrey des Renseignements Généraux.

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