Salut à toi, Jean-Luc, éboueur en Guyane, c'est Manu!
Jean-Luc S., 49 ans, n'avait pas écouté du tout l'allocution présidentielle du 31 décembre 2020, à 20 heures. Il s'en était même complètement désintéressé. Mais après nombre de messages et d'appels sur son téléphone, il n'en est pas revenu.
Le président de la République en personne, lors de voeux à la nation pour 2021, le nommait expressément comme l'un de ces "héros" du quotidien "qui ont tenu notre pays durant l'épreuve". L'épreuve en question, endurée par l'éboueur de Guyane, avait été de ramasser les poubelles sans relâche lors du premier confinement.
"Jean-Luc est chauffeur-éboueur en Guyane. Avec ses collègues Anthony et Maxime, ils n’ont jamais cessé de travailler depuis le début de la pandémie. Au plus fort du confinement, ils constituaient cette deuxième ligne qui a permis au pays de continuer à vivre et à la vie de continuer", avait déclaré l'ex-gérant d'une grande banque d'affaires internationales placé à l'Elysée pour ne pas défendre trop les gens d'en bas. Mais plutôt l'inverse.
La chaîne d’outre-mer Guyane 1ère a retrouvé Jean-Luc S., chauffeur-éboueur depuis 17 ans, dans son quartier de Balata, à Matoury. Et ledit héros en a profité pour répondre à Emmanuel Macron: "Les primes de 1 000 euros que vous avez mises en ligne et qu’on devait toucher, je n’ai jamais touché ça. J’ai toujours assuré le service minimum. J’estime que mon équipe et moi, on devrait avoir ces primes-là. Je ne pense pas que ce soit une montagne pour vous !"
"Il n’y a eu aucun changement significatif depuis le précédent confinement", déclarait au Monde, fin novembre, Fabrice Michaud, secrétaire général de la CGT-Transports, à l’occasion d’un article sur les métiers de première ligne. "Les éboueurs ont été reconnus d’utilité publique, mais cette reconnaissance ne se fait ni en monnaie sonnante et trébuchante ni en revalorisation des carrières, et encore moins en prise en compte de la pénibilité, qui reste l’une des revendications-phares du secteur."
Bien, ceci dit, croyez-moi, ce n'est pas demain la veille que le pouvoir actuel promulguera une politique de progrès et de justice sociale. Et jamais un ouvrier ne sera enterré dans le Panthéon sur le fronton duquel est gravé "Aux grands hommes la patrie reconnaissante".
En ce 1er janvier de l'an nouveau, Macron a daigné accorder aux smicards 0,99% d'augmentation et 0,4% aux pensions de retraite de base en février 2021. En revanche, 0% d'augmentation pour la retraite complémentaire représentant plus de la moitié de la pension d’un cadre et environ un tiers de celle d’un non-cadre.
Allez, champagne! Mais que pour les actionnaires et la Bourse de Paris.