Ouf, ça y est, j'ai mon quota de parrainages pour candidater
- Pas trop dur, Roger, de les obtenir en deux coups de cuiller à pot?
- Non j'ai tout plein d'amis, des vrais de vrais et puis mon cv parle peut-être pour moi. Je suis un premier de corvée. J'ai toujours bossé, d'abord dans des petits boulots saisonniers dans l'Aude. Mais le capitalisme a forcé mon exil pour la SNCF en région parisienne, le chômage endémique dans mon département natal dirigé par le PS. Et fils d'un simple ouvrier, petit-fils d'ouvriers dont mon grand-père maternel immigré espagnol, les portes d'un meilleur avenir ne s'ouvraient pas pour moi à cette époque en Occitanie. A moins d'être client de la social-démocratie audoise. Mais je n'ai jamais cru en elle.
Je venais de naître, mon père était au chômage. Il se disait que la mairie de Narbonne embauchait cette jeunesse sans emploi pour des boulots d'intérêt général. Mon père et quelques copains s'étaient présentés à la mairie. Mais ils furent refoulés, aucun n'avait en poche la carte de la Section française de l'internationale socialiste. Heureusement, au retour, sur les marches de la mairie, ils rencontrent un conseiller municipal communiste, l'un des héros de la Résistance dans le Narbonnais. Celui-ci intervient directement auprès du maire socialiste. Mon père et ses copains sont embauchés pour construire la route qui mène à Narbonne-plage.
De ce fait,plus tard, je n'ai jamais été sympathisant socialiste, encore moins conseiller municipal, conseiller général, sénateur et même ministre étiqueté comme tel. Je n'ai pas plus été un mitterrandiste pur et dur qui m'aurait conduit à être patron des socialistes dans l'Essonne. En 1992, je n'ai pas voté pour le traité de Maastrich, la monnaie unique et l'UE du capital. Et je n'ai jamais envoyé en 2017 un SMS au Pcf prétendant qu'il était "la mort et le néant", tout en étant son candidat à la présidentielle de 2012.
Non, je ne fus que conducteur à la SNCF après avoir été surveillant de dépôt, cheminot qui s'occupe des machines dans le dépôt, et syndiqué à la CGT depuis mon embauche à Mantes-la-Jolie. Et si j'ai fait un pas de côté par rapport au Pcf, ses électeurs ne seront jamais mes ennemis. Comme d'ailleurs ceux qui votent FI.
- Alors, tu te présentes Roger à la présidentielle de mai 2022?
- Tu déconnes ou quoi? En 2022, j'aurais 72 automnes à mon compteur. Comme Jean-Luc Mélenchon d'ailleurs qui fut ce que je n'ai jamais été. Non, je souhaite simplement avec mes parrainages candidater pour être président des pêcheurs à la ligne, si besoin était.
- Oui, mais, avec ses 150 000 parrainages, Jean-Luc Mélenchon est candidat en mai 2022 pour la présidentielle.
- Grand bien lui fasse. Mais en politique, la valeur se compte-t-elle toujours en nombre d'années ? Si oui, c'est à désespérer peut-être. Non? Pour ma part, heureux qui, après un long voyage, est revenu plein d'usage et raison, vivre avec les siens le restant de son âge. Mais sans jamais oublier la lutte de classes pour des lendemains qui chantent, même devant un bouchon dérivant doucement au gré de l'eau. Et toujours loin d'un sauveur suprême qui serait un césar, un tribun et plus encore un dieu.