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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

A propos de la colère des petits commerçants: un article de Canaille le Rouge

Je vous le délivre. En effet, dans ma bonne ville de Mantes-la-Jolie, dirigée par le parti de Sarkozy-Fillon-Bédier depuis 1995, le bureau électoral du centre ville, lieu névralgique du petit commerce, apporte la majorité de ses suffrages au parti de Sarkozy-Fillon-Bédier.

"Certes, ils sont frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Eux qui pensaient pour leur plus grand nombre ne subir que les dégâts collatéraux de la crise économique (encore que dans les zones où le capital détruit l’appareil productif, on ne les a pas vu souvent dans les manifestations pour l’emploi), celle-là les rattrape avec une brutalité amplifiée par les choix du gouvernement.

Parfois, quand tout un bassin est sinistré par une fermeture d'usine, d'une maternité, les rideaux se baissent le temps d’une journée d’action et...ensuite, faut bien que les affaires reprennent.

Oui, on a vu des commerçants au sein des colères populaires, c'est certain. Canaille le Rouge en connait qui en plus, quand ils persistent dans leur choix, sont des merles blancs montrés du doigt  dans leur environnement. Dire que cette solidarité n’existe pas, sera donc erroné.

Mais par exemple, les limonadiers et restaurateurs, y compris ceux qui se goinfrent le tiroir-caisse tout le long des parcours des manifestations des salariés, ne sont que très rarement à la tête de cette solidarité. Ceux qui protestent le plus fort sont ceux des beaux quartiers et des tables à 150€, boisson non comprise. 

Le monde des commerçants dans les luttes sociales, comme dit Gabin, dans Monsieur le président"c'est comme les poissons volants, ça existe, mais ce n'est pas la caractéristique première de l'espèce". On pourrait même ajouter, et cela sur tout le territoire national, concernant la quasi totalité des dirigeants de leurs fédérations professionnelles - par eux, commerçants électeurs des chambres consulaires- élus et mandatés, qu'ils se recrutent plus parmi les piranhas que parmi les éperlans.

Toujours parmi ces restaurateurs et  limonadiers, pour ne parler que de ceux qui font partie des faiseurs d’opinions médiatiques, combien durant les grands mouvements sociaux stigmatisaient les "feignants à statuts, preneurs d'otages, gréviculteurs" quand nous nous battons depuis un quart de siècle pour les services publics, l'emploi et les salaires qui assurent leur trésorerie.

Les mêmes se plaignent de la faiblesse et du coût de leur couverture sociale qui, parlant de leurs salariés, ne parlent que de charges. Mais leurs organisations se sont battues depuis 75 ans contre la Sécu. Et combien ont manifesté avec les personnels de santé quand on fermait un service , la maternité, les urgences, voire tout l'hôpital?

La compréhension, voire une certaine solidarité, n’interdit pas, au risque de déplaire, de dire franchement les choses et de rappeler que, dans de nombreuse villes, ils font partie, apolitiques, de ces notables parfois élus derrière des caciques de toutes les droites qui cassent les outils qui permettraient aujourd’hui de plus et mieux faire face. 

Et ces tenanciers de bureaux de tabac, qui se précipitent pour se transformer en bureau de poste, en agents des impôts, ou en agent SNCF, se sont-ils posé la question à qui il prenait le boulot? Ils sont avec leurs fédérations professionnelles, leurs chambres de commerce, les auxiliaires de ceux qui épargnent la grande distribution et cassent le tissu social et économique du pays. 

Leur réflexe « pourquoi nous et pas eux » se comprend. Mais que ne s’interrogent-ils pas sur les choix de ces élus que massivement ils soutiennent? Pour le mesurer, la composition du sénat où commerçants et professions libérales sont sur-représentés au regard de leur place dans la société est un excellent indicateur. 

En cela, toute une catégorie sociale liée au petit commerce tient l’échelle à ceux qui coupent l’arbre qui leur apporte les fruits."

Canaille le Rouge le 14 novembre 2020. Et son blog en lien

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