Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

8 mars: journée internationale de lutte pour les droits des femmes

Ce dessin est purement provocateur. Mais il montre bien les inégalités sociales et sociétales qui accablent les femmes. Mais journée internationale des femmes ou de luttes pour les droits des femmes?

En juillet 1889, à Paris, se tient le premier congrès de la IIe Internationale pour fédérer la mouvance socialiste située à l’extrême gauche à cette époque.

La 1ère Internationale, l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), constituée à Londres en 1864, s’était efforcée d’agglomérer l’ensemble des organisations, associations, syndicats et partis ouvriers. Elle avait échouée et fut dissoute en 1876. Karl Marx avait poussé à cette création. Il va être d'autant plus favorable à cette IIe internationale prônant la lutte des classes et la nécessité de socialiser les moyens de production.

En 1888, à Londres, se réunit une conférence syndicale internationale, regroupant marxistes, anarchistes, trade-unions britanniques et tous les autres ; elle projette une manifestation à date fixe dans tous les pays et grandes villes du monde pour défendre la journée de travail à huit heures.

Mais c’est finalement le congrès fondateur de la IIe Internationale, à Paris, qui décide de l’organiser. La journaliste Clara Zetkin -ci-dessous- (1857-1933) participe à ce congrès dans les rangs du parti social-démocrate allemand.

 

8 mars: journée internationale de lutte pour les droits des femmes

« L'émancipation de la femme, comme de tout le genre humain, ne deviendra une réalité que le jour où le travail s'émancipera du capital. C'est seulement dans une société socialiste que les femmes, comme les travailleurs en général, accèderont à la pleine possession de leurs droits. » 1889. Extrait de son discours prononcé au Congrès de Paris.

Dès 1900, les femmes du parti social-démocrate allemand se réunissent en amont du congrès national. En 1907, à Stuttgart, la Conférence féminine de la IIe Internationale élit Clara Zetkin secrétaire du Bureau Féminin International et fait de son journal Die Geichheit (L’Égalité) -premier journal féminin en Europe avec plus de 120 000 abonnés en Allemagne- l’organe international des femmes socialistes. Le rôle de la journaliste est capital, à l’aube du XXe siècle, dans les progrès du mouvement d’émancipation des femmes. Elle a écrit Question des travailleuses et question féminine de notre époque, brochure dans laquelle elle développe que la femme soit reconnue comme un travailleur à part intérieure et sans protection pour sa nature qui puisse lui interdire un métier. Dans son journal, elle expose des idées contestées, par la société et les hommes, sur le rôle de la femme, sur le couple, sur l’éducation des enfants par les parents ou sur l’école.

En 1910, Le congrès de la IIe Internationale se tient à Copenhague, au Danemark du 23 août au 3 septembre. La Conférence féminine, qui le précède, (une centaine de déléguées représentant 17 pays), à l’instar de Clara Zetkin, vote un texte engageant les femmes à lutter pour la paix. Une autre résolution, toujours sur sa proposition, formule l’idée d’une journée « où serait propagée la nécessité d’une lutte commune des travailleurs, manuels et intellectuels, et où les revendications particulières des femmes dans le domaine politique, social et économique seraient plus particulièrement défendues. » Finalement, le congrès adopte la résolution suivante : « En accord avec les organisations politiques et syndicales du prolétariat dans leurs pays respectifs, les femmes socialistes de tous les pays organiseront chaque année une journée des femmes qui, en premier lieu, servira à la propagande en faveur du vote des femmes […], cette journée des femmes doit avoir un caractère international et être soigneusement préparée. » Aucune date n’est précisée, sinon que Clara Zetkin avait proposé de la fixer au moment des « fêtes de mai ».

Le Parti Social-démocrate allemand fixe cette journée des droits de la femme au 19 mars 1911, pour célébrer la Révolution de Berlin en 1848 et la Commune de Paris en 1871. Avant cette date, le journal de Clara Zetkin appelait les femmes, chaque année, à commémorer ces deux évènements. En 1911, Ce jour obtient un franc succès en Allemagne (42 rassemblements organisés dans la capitale) et en Autriche (30 000 femmes manifestant à Vienne). En France, avant 1914, le mouvement féminin socialiste n’est jamais assez fort pour reprendre cette initiative.

Le 8 mars 1917 (23 février du calendrier orthodoxe), débute en Russie la Révolution d’Octobre : des ouvrières du textile manifestent à Petrograd avec les métallurgistes. Ensuite, intervient la scission du mouvement ouvrier international entre socialistes et communistes : le mouvement féminin socialiste se divise aussi malgré que Clara Zetkin tente une réunification en 1919. Mis en minorité dans le Parti social-démocrate allemand, elle est chassée de son journal qu’elle a dirigé durant 22 ans. Elle va adhérer au Parti communiste allemand dont elle sera députée de 1922 à 1933. Elle est présente à Tours, lors du congrès fondateur du PCF en 1921.

En France, le PCF et la CGTU adoptent le 8 mars pour journée internationale de luttes pour les droits des femmes.

L’histoire retient aussi que le 8 mars 1945 est célébré dans le camp de concentration nazi de Ravensbrück par les femmes déportées.

A la Libération, l’abattement de 10% sur les salaires des femmes est aboli en France. Sous l’impulsion de Marie Couette, secrétaire confédérale, la CGT tient sa première conférence de la main d’œuvre féminine ; le Bulletin des travailleuses est créé, il va devenir La revue des travailleuses. Auparavant, Marie Couette fut la représentante de la CGT à l’assemblée Constituante qui va promouvoir la 4ème république : peu de femmes dans cette assemblée d’hommes. Mais elle y défend leurs droits, la réforme du Code civil afin de rééquilibrer les droits des épouses considérées comme mineures de leurs conjoints. La Déclaration des droits de l’Homme précise désormais : "Les Hommes et les Femmes naissent libres et égaux en droits ».

8 mars: journée internationale de lutte pour les droits des femmes

Le 8 mars 1982, le gouvernement socialiste de François Mitterrand donne un statut officiel à cette journée en France. Mais cette institutionnalisation modifie son caractère de « luttes ». Elle devient simplement « journée de la femme », voire « journée de la fête de la femme ». Mais c’est aussi, chaque année, l’occasion de faire le point sur la faiblesse des politiques menées en faveur des femmes.

L’émancipation véritable des femmes reste à faire en France comme au niveau international. Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT écrivait, en 2010, sous le titre «Cent ans de luttes féminines» dans un numéro de Mémoires Vives, journal de l’Institut CGT d’histoire sociale d’Île-de-France : « La spécificité de la démarche de la CGT mérite d’être connue pour son courage et sa constance même si elle n’est pas dénuée d’insuffisances ou d’erreurs. Il y a plusieurs féminismes, comme et parce qu’il y a plusieurs visions des enjeux de la société et des perspectives de transformation sociale. Loin d’être l’exclusivité des femmes, le débat concerne tous ceux qui veulent changer la société. […] La CGT a aujourd’hui la légitimité pour affirmer son « féminisme syndical » qui lutte pour « une société démocratique libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination […] et agit pour l’égalité entre les hommes et les femmes » comme le stipulent les statuts ».

Mais pour ma part, outre que j'adhère complètement à la lutte pour les droits des femmes et pas uniquement chaque 8 mars, ce jour-là résonne d'une autre façon à mon cœur.

Mon fils Denis est né le 8 mars 1979 à Paris. Gréviste depuis la veille au dépôt de Mantes-la-Jolie à l'occasion d'une des rudes attaques contre le rail public par le plan de casse Guillaumat, un copain m'amène en voiture à Paris. La grève est générale dans le chemin de fer. Au retour, il ramènera les camarades grévistes de notre dépôt bloqués à Paris-Saint-Lazare.

Danielle, ma compagne, syndiquée CGT à la Cellophane de Mantes-la-Ville, va accoucher à la maternité des Bluets, à Paris. Œuvre sociale des métallurgistes CGT d’Ile-de-France, cet établissement de santé est le premier à inaugurer les méthodes de l’accouchement sans douleur.

Cette méthode introduit une conception nouvelle du travail en équipe à l’hôpital, modifie les relations du médecin et de la patiente et propose à la femme de garder la maîtrise de son corps et d’être au cœur de son projet de soin. En 1974, le centre de planification au sein des Bluets est créé. Il est axé sur la contraception avant de proposer un accès à l’IVG à partir de 1975 (une fois la loi Veil votée).

Le 8 mars 1979, jour de lutte pour les droits des femmes, Danielle accouche de notre premier enfant et je suis présent. Comme si le rêve de lendemains qui chanteraient rejoignait la réalité du moment.

En tout cas, je dis toujours merde à cette vieille société patriarcale et machiste qui n'en finit pas de crever.

 

Commenter cet article