31 août 1937: création de la Société Nationale des Chemins de fer Français
Sont donc décidées la nationalisation des compagnies privées de chemins de fer et la création de la SNCF. C'est une vieille revendication de la fédération CGT des cheminots qui se réalise. A travers les grèves générales de 1910 et de 1920 des cheminots, les luttes avaient permis la création d'un statut unique pour tous les travailleurs du rail, d'un régime de travail et d'une grille de salaire unifiés, d'un régime de prévoyance et de retraite commun, jusqu'à l'obtention de congés payés que l'ensemble des travailleurs n'obtiendra qu'avec le Front populaire de 1936.
Pour autant, malgré la création d'une unique société structurante dans tout le pays, les cheminots CGT, par la voix de leur secrétaire général Pierre Sémard, ne sont pas entièrement satisfaits de la nationalisation des chemins de fer français.
En effet, la SNCF n'est pas nationalisée à 100%. Elle n'est qu'une société anonyme d'économie mixte composée à 51% par l'Etat et à 49% par les représentants des anciennes compagnies ferroviaires privées, celles-ci pratiquement toutes en faillite. Ces saigneurs du rail conservent leurs droits et bien acquis, notamment de faire circuler en priorité leurs wagons de marchandises privés. On est bien loin d'une SNCF sous "le contrôle des cheminots" (seulement 4 administrateurs salariés au milieu des anciennes compagnies privées et des représentants de l'Etat qui a tourné le dos à la politique sociale du Front populaire. On est également bien loin de l'administration du rail français par "les usages de petites conditions" comme le revendique aussi la CGT.
Ce n'est en 1981 que la SNCF devient un EPIC (établissement Public, Industriel et commercial) 100 % public.
Mais le Capital bataille pour reprendre ce qu'il a dû concéder par les luttes. Chirac scinde la SNCF en deux avec RFF, division que le gouvernement de la gauche plurielle avec Gayssot, ministre des Transports, ne remet pas en cause. Sarkozy autorise l'ouverture du trafic marchandises à des sociétés privées. Le fret s'effondre et le transport routier quintuple. Pire, la SNCF, par ses filiales, est l'un des plus importants transporteurs routiers. Voilà Hollande président et son gouvernement socialo-écologiste qui laissent tout en l'état, mais qui séparent l'EPIC en 3 morceaux depuis la création de RFF, à l'été 2014, Emmanuel Macron étant secrétaire général de l'Elysée, afin de préparer la privatisation généralisée des chemins de fer français.
C'est cela qu'ont voté les parlementaires aux semelles plombées de Manu 1er avec le "Pacte ferroviaire". Sont actés en 2018, la privatisation et la fin du statut au 1er janvier 2020. L'ouverture totale du rail à la concurrence libre et non faussée, la destructuration de la SNCF, ont satisfait pleinement l'UE du capital.
Pourtant, dans le monde entier, la privatisation des chemins de fer n'est pas viable économiquement, et moins encore encore en matière de sécurité ferroviaire. Le vampirisme de la recherche du profit demeure l'unique vainqueur. Quoique proclament Bfm-tv et consorts, les voix de leur maître.
Le combat contre le Capital ne peut que continuer et pas pour repeindre en vert, en rose, encore moins en brun, le capitalisme.