Qu'est-ce qu'on attend pour faire tous la fête? A Macron bien sûr, mais singulièrement aux forces du capital?
J'ai apprécié la manifestation du 5 mai à Paris initiée par le député de France insoumise François Ruffin. C'est une véritable expression de la non-résignation à la politique réactionnaire menée par le palais de l'Elysée?
Des dizaines et des dizaines de milliers de manifestants, venus parfois bien au-delà de la capitale, ont su rassembler leurs colères face au pouvoir et marquer leurs exigences d'une autre société. Pouvoir auquel, en majorité, ils avaient accordé leurs suffrages au deuxième tour de la présidentielle, quand d'aucuns de leur bord les pressaient de choisir entre la peste et le choléra.
Ceci dit, peu de drapeaux rouges dans cette manif, symbole du drapeau rougi par le sang des révoltes ouvrières. Certes, présentes, les couleurs tricolores sont bien celles de la Révolution française ou de la Résistance contre l'Allemagne nazie et les collaborateurs français de Vichy. Mais les luttes du mouvement ouvrier sont-elles définitivement défuntes?
Ce 5 mai 2018 est la plus grande manifestation politique depuis l'arrivée au pouvoir d'un ex-banquier d'affaires. Mais pourquoi renier le passé glorieux qui s'était fédéré autour du drapeau rouge quand les sabres et le goupillon s'habillaient de tricolore pour mieux soumettre les travailleurs?
Le programme de Jean-Luc Mélenchon ne porte pas des coups durables contre le pillage de notre planète par le capitalisme et son appropriation des richesses que nous produisons. Pour autant, ceux qui manifestèrent ce 5 mai à Paris ne sont pas tous d'accord avec le tribun suprême juché sur un bus à impériale ce jour-là. Il n'en reste pas moins qu'un mouvement de protestation s'agglomère. Mais sans objectif révolutionnaire, ne risque-t-il pas d'alimenter impasses ou égarements?
J'entends parler d'une "marée populaire" en préparation pour le 26 mai 2018. Chiche, mais les travailleurs les plus humbles, les précaires, les sans-emplois et la jeunesse des quartiers populaires étaient terriblement absents en ce 5 mai, eux qui ne votent plus, car sans perspective sur des lendemains qui chanteraient?
Nous ne devrions plus être à interpréter le monde et à chercher à l'humaniser par de la social-démocratie ripolinée ou façon Confédération des syndicats européens. Mais bien à s'engager pour le débarrasser du capitalisme.
"L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, c'est l'histoire de la lutte des classes", écrivait Karl Marx et Friedrich Engels. Cela n'a pas pris une ride.