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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Le roi Louis-Philippe gouverne la France depuis 1830. Il a donné la part belle aux banquiers et aux industriels. "Enrichissez-vous", leur a dit Guizot, son premier ministre, et ils ne s'en privent pas aux prix d'une misère noire pour les ouvriers et d'un chômage galopant qui ferme à tour de bras les petites et moyennes entreprises. Les Républicains parlent de suffrage universel pour réformer le pays. Les petits boutiquiers, les artisans et la classe ouvrière y croient comme pour un miracle à tous leurs malheurs.

Des banquets sont organisés dans les grandes villes et on y pétitionne en faveur de cette réforme électorale. Mais le 22 février 1848, le roi interdit celui de Paris. Une immense manifestation secoue la capitale. Elle entraîne les quartiers ouvriers et ce qu'ils contiennent de chômeurs et de miséreux, mais aussi des bourgeois et des étudiants enfants de cette même bourgeoisie. La haine contre le premier ministre Guizot s'exprime dans ce qui se transforme dans une véritable émeute pour l'heure.

Louis-Philippe pense lâcher du lest en faisant démissionner Guizot. Thiers lui succède, futur fusilleur de la Commune de Paris en 1871.

Cela ne suffit pas au peuple révolté. Des barricades s'érigent dans la capitale. Un régiment de ligne tire à bout portant et sans sommation sur un groupe d'ouvriers qui marchait vers lui en chantant la Marseillaise: 52 morts et des centaines de blessés. Le peuple traîne ses morts toute la nuit dans Paris sur un chariot. La foule qui grossit, marche sur le palais des Tuileries. Il est mis à sac au pris de nombreux autres morts parmi le peuple. Louis-Philippe abdique et s'enfuit en Angleterre.

le 25 février, plus un soldat, plus un policier dans les rues de Paris. La révolution de 1848 vient de renverser la monarchie. Un gouvernement provisoire de la République est proclamée et des réformes sociales s'ensuivent.

Le peuple parisien croit avoir gagné et il fait confiance dans cette élite républicaine bourgeoise qui prend le pouvoir à sa place. Mais Louis Arago ou Alphonse de Lamartine, cette aristocratie républicaine de droite, s'allient aux banquiers qui ont tourné leurs vestes. Le 15 mai, les dirigeants révolutionnaires sont arrêtés. Le 24 juin, l'Assemblée constituante, expurgée de ses éléments révolutionnaires, transmet ses pouvoirs au général Cavaignac, ministre de la Guerre. La dictature militaire et l'état de siège sont proclamés.

Le 26 juin 1848, à midi, débute la répression contre les ouvriers et leurs soutiens. On fusille sans sommation. Les survivants sont enfermés dans les souterrains de la capitale, entassés les uns sur les autres, dans la boue et les ordures. Beaucoup de blessés ne survivent pas à cet enfermement sordide. Les chiffres officiels minorent cette répression. Ils ne comptabilisent que 3 000 morts, 12 000 prisonniers et 4 000 déportés sans jugement dans les colonies.

La révolution de 1848 s'est achevée par un bain de sang. Le prolétariat, saigné à blanc, ne croit plus à la République.

Louis Napoléon Bonaparte devient le président de cette république bourgeoise le  10 décembre 1848. Avec l'appui de la bourgeoisie banquière et industrielle, et de l'Armée, il renversera la 2e République le 2 décembre 1851 et se proclamera empereur héréditaire du peuple français un an après.

Friedrich Engels écrit sur ces journées de juin 1848: "Les ouvriers du 23 juin luttent pour leur existence, la patrie a perdu pour eux toute signification. La révolution de juin est la révolution du désespoir et c'est avec la colère muette, avec le sang-froid sinistre du désespoir qu'on combat pour elle, les ouvriers savent qu'ils mènent une lutte à la vie ou à la mort, et devant la gravité terrible de cette lutte le vif esprit français se tait. (...) L'unanimité de la révolution de Février a disparu, cette unanimité poétique, pleine d'illusions éblouissantes, pleine de beaux mensonges et qui fut représentée si dignement par le traître aux belles phrases, Lamartine".

Les paroles de l'Internationale, écrites en 1871, énoncent que "il n'y a pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun". C'est toujours vrai aujourd'hui.

D'aucuns, parmi la France insoumise préfèrent occulter le drapeau rouge du sang des ouvriers et affichent les couleurs tricolores de la République. Comme si ces deux drapeaux ne sont pas mêlés dans le combat pour le progrès social, la justice et la liberté.

23 février 1848: la révolution du peuple oubliée et écrasée

L'insurrection ouvrière à Paris. Barricade du faubourg Saint-Antoine le 26 juin 1848

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