PSA ou comment le syndicalisme rassemblé avalise des licenciements déguisés
PSA, c'est 2, 159 milliards d'euros de bénéfice en 2017 et 431 millions d'euros de dividendes que se sont partagés les actionnaires. Oui, vous avez bien lu et si vous comparez avec votre pouvoir d'achat... Et bien malgré ce pactole, PSA inaugure la rupture conventionnelle collective concoctée par les ordonnances Macron: 1 300 salariés sont poussés vers la porte de sortie. Banco, ont dit la CFDT, FO, la CFTC et la CGC. Seule, la CGT a refusé ce plan de licenciements déguisés.
J'ai écrit "syndicalisme rassemblé" à dessein. L'initiateur de cela fut Bernard Thibault avec d'autres et lui était secrétaire général de la CGT. Lorsque j'étais en activité à la SNCF, j'ai participé à de nombreuses luttes et j'en ai mené autant en tant que dirigeant syndical au dépôt de Mantes-la-Jolie. Elles ont été parfois payantes pas autour d'un "syndicalisme rassemblé" pour un programme commun, mais parce que la CGT y était de bout en bout présente, en expliquant à ses syndiqués et en Assemblée générale qui était qui et faisait quoi avec la direction SNCF.
Aujourd'hui, en retraite, je suis toujours en activité au sein de mon syndicat. Parce que la lutte de classes ne s'arrête pas lorsqu'on devient retraité et que le capitalisme régit toujours notre société. Dès lors, l'interview de Bernard Thibault dans Marianne du 12 janvier 2018 me reste sur l'estomac. Son titre: "Tant que les bisbilles l'emporteront, les syndicats n'entraîneront pas les salariés". Et le quotidien réformiste de débuter son article par: "Pour Bernard Thibault, ex-leader de la CGT et représentant des syndicats français à l'OIT, les grandes centrales devraient définir ensemble des points de convergence." Bigre ! Bernard Thibault, au lieu de prendre sa retraite de cheminot et sans pour autant lâcher son organisation syndicale, comme l'a fait Georges Séguy par exemple, est devenu membre de la direction de l'Organisation internationale du travail. Je ferme la parenthèse et j'en reviens à PSA.
Le syndicalisme rassemblé autour du réformisme de la social-démocratie laisse donc le groupe automobile dévorer l'emploi et vider les usines. Et sans que PSA ne rende aucun compte sur de quelconques difficultés économiques, car ainsi le précisent les ordonnances Macron.
Certes, les salariés doivent être volontaires pour la guillotine et on doublera pour se faire étêter l'indemnité complémentaire incitative. Et puis PSA a promis 1 300 embauches en CDI. Mais pas dès la mise en place de la rupture conventionnelle collective et ses 1 300 postes supprimés. Dans notre mauvaise société, les promesses du patronat rendent toujours les réformistes heureux. A oublier, mais c'est leur rôle de gestionnaire loyal du capitalisme, les 10 000 intérimaires qui triment chez PSA.
Ce syndicalisme réformiste rassemblé argue que la turbin est insupportable dans les usines de PSA à bosser en 2x8 ou en 3x8 et que beaucoup seront volontaires pour déguerpir de la taule. Certes, l'exploitation capitaliste reste à son comble. Mais avec les 2, 159 milliards d'euros de bénef annoncés par PSA en 2017, en hausse sur 2016, pourquoi ne pas se battre pour un salaire en fonction de ses conditions de travail et la réduction de ce même temps de travail?
Joker ont répondu la CFDT, FO, la CFTC et la CGC. Sans chercher un seul point de convergence avec la CGT. Ben oui, parce que sur l'augmentation du pouvoir d'achat et la réduction du temps de travail, on fait dans le réformisme ou pas. Pour le débat au sein de mon organisation syndicale.
Allez, pour digérer. Ou pas.