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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Les femmes durant la Première Guerre mondiale

1914-2018: centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, de ce massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas, comme l'écrivait Paul Valéry. La guerre de 14-18 et ses traités de paix qui vont ouvrir les fronts de la Deuxième Guerre mondiale encore plus destructrice, meurtrière et inhumaine. Et les femmes dans le premier conflit mondial?

Je vous propose des extraits à ce sujet, tirés de mon ouvrage Le travail des femmes autrefois. Aujourd'hui: L'Union sacrée pour la guerre

 

    Lorsque l’Allemagne déclare la guerre, la société française se rallie à l’idée de l’Union sacrée pour défendre la patrie. Même les organisations réfractaires au gouvernement, comme les socialistes, les associations féministes ou la CGT sont parties prenantes.

     Côté socialiste, après l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, chantre de la paix et du parti, deux d’entre eux et non des moindres entrent au gouvernement : Marcel Sembat (1862-1922) et surtout Jules Guesde (1845-1922), figure historique du mouvement ouvrier.

     La CGT, qui manifestait contre la guerre le 27 juillet, par la voix de son secrétaire général Léon Jouhaux, à même la tombe de Jean Jaurès, décide de soutenir l’Union sacrée. Abel Ferry, secrétaire d’État aux affaires étrangères, note dans ses Carnets secrets que le dirigeant syndical avait rencontré le ministre de l’Intérieur afin de « composer, d’accord avec lui, sa proclamation ». Mais ce conciliabule entre deux ennemis jurés n’affecte pas la CGT. En août, avec l’accord de sa direction, le gouvernement nomme Léon Jouhaux Commissaire de la nation, afin de « soutenir le moral du pays et l’effort de guerre ». A l’hiver 1914, la même direction de la CGT, à une écrasante majorité, déclare : « Maintenant que la guerre est déclarée, le conseil national confédéral rappelle aux groupements ouvriers que la besogne utile et impérieuse de l’heure, c’est l’organisation de la solidarité envers la France. » Et, en 1915, lors de la mobilisation industrielle pour l’effort de guerre, la CGT participe aux Comités mixtes, nationaux ou départementaux, avec patrons et pouvoirs publics, pour affecter les professionnels dans les usines d’armement et fixer les salaires ou la durée du travail.

     Il en va autant pour les associations féministes françaises, qui suspendent leurs revendications, pour ne parler que du devoir patriotique des mères et des épouses des soldats. Elles exhortent les femmes à être "semeuse de courage" dans « une cause sainte contre la barbarie et le militarisme prussien ». L’Union française pour le suffrage des femmes et le Conseil national des femmes françaises vont considérer cette guerre comme sainte. L’une des féministes françaises de renommée internationale, Jane Misme (1865-1935), directrice du journal La Française, écrit, le 31 décembre 1914 : « Tant que durera la guerre, les femmes de nos ennemis seront aussi nos ennemies ».

     Abel Ferry, dans ses Carnets secrets, résume l'idée majoritaire en France:  « L’élan est trop formidable pour qu’il n’emporte pas les barrages de casques et de pointes. »

     La France pense que ce conflit est juste, qu’il sera court et victorieux. Néanmoins, en pleine moisson et à l’approche des vendanges, la déclaration de guerre tombe mal. Dans un pays profondément rural et agricole, il faut assumer la charge laissée par la paysannerie mobilisée sous les drapeaux. René Viviani (1862-1925), Président du conseil, s’adresse alors aux femmes et aux enfants des campagnes, le 7 août 1914 : « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.

     Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille.

     Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés !

     Il n’y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime.

     Tout est grand qui sert le pays.

     Debout ! A l’action ! A l’œuvre !

     Il y aura de la gloire pour tout le monde. »

     La mobilisation des ouvrières sera plus tardive, pour n’intervenir qu’en fin d’année 1915 et dans un contexte de guerre bien différent.

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