Catalogne: après le bâton, la prison
Chacun est libre de penser ce qu'il veut du référendum catalan instaurant une république indépendante dans une Espagne monarchique. Mais fallait-il faire cogner les forces de l'ordre, rappelant la dictature franquiste de sinistre mémoire, au lieu de le promouvoir légalement pour savoir qui est qui en Catalogne? Et désormais, en plus du bâton, la prison contre un gouvernement régional légitimement élu par les urnes.
Ce même gouvernement catalan et ceux qui le soutiennent peuvent écoper jusqu'à 30 ans de taule pour "délit de sédition". Or ce délit est constitué lorsqu'il y a "instigation à l'émeute, à la révolte et au soulèvement contre la puissance établie". Quant à celui de "rébellion", selon le droit en France et aussi en Espagne, constitue une rébellion le fait d'opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public agissant, dans l'exercice de ses fonctions, pour l'exécution des lois, des ordres de l'autorité publique, des décisions ou mandats de justice".
Il ne faut donc pas chercher midi à 14 heures, la justice espagnole, téléguidée par le gouvernement réactionnaire de Madrid, s'assoit sur la loi en vigueur en Espagne et dans l'UE. Mais l'UE du capital est-elle démocratique, quoique l'on pense du référendum catalan sur l'indépendance?
Madrid a lancé un mandat d'arrêt européen sur la partie du gouvernement catalan réfugié à Bruxelles, l'autre partie étant embastillée en Espagne. Bruxelles est à la fois capitale de l'UE et de la Belgique. L'Ue, préférant prendre position contre le Venezuela et pas contre les états européens développant une politique ultra-droitière et même fascisantes, annonce que ce mandat d'arrêt est du ressort de la seule Belgique, l'un des 5 états fondateurs de l'UE du capital.
Et si le 21 décembre 2017, aux élections régionales pour élire démocratiquement des députés et un gouvernement à la Catalogne, les indépendantistes et les forces progressistes régionales obtenaient la majorité absolue, faut-il attendre l'occupation de cette région par l'armée espagnole, dont d'après la Constitution de 1978, le monarque espagnol est chef suprême des Forces armées?
Naturellement, parmi les forces démocratiques catalanes, je ne compte pas le PS espagnol qui lui s'est rangé avec armes et bagages sous la bannière du PP au pouvoir.
Le PP pour Parti populaire(sic) a été formé par des franquistes à la mort du dictateur Franco. Il fut même dirigé par Manuel Fraga Iribarne, ministre de Franco. A ce titre, il refusa la grâce à Julian Grumau, un dirigeant du Parti communiste interdit, arrêté, torturé, défenestré, condamné à mort et exécuté en 1963. Dans une conférence de presse, en tant que ministre de l'Information de la dictature, il qualifiera Grimau de criminel et justifiera son exécution.