25 novembre 1910: Jules Durand, secrétaire du syndicat CGT des charbonniers du port du Havre injustement condamné à mort
Le 25 novembre 1910, la Cour d'assises de Rouen condamne à la guillotine Jules Durand, secrétaire général du syndicat CGT des charbonniers du port du Havre. Il vient de subir une cabale patronale, une enquête menée par un juge d'instruction à charge et un procès qui ne l'est pas moins. La lutte des classes n'est pas d'aujourd'hui. La CGT, encore fragile à cette époque puisque née en 1895, mène une campagne nationale et internationale pour faire gracier Jules Durand.
Le capitaine Alfred Dreyfus, bien qu’innocent, avait été condamné en 1894 parce que juif. Jules Durand l’est parce que secrétaire général du syndicat CGT des charbonniers dirigeant la grève débutée sur le port du Havre le 18 août 1910.
Si le capitaine Dreyfus fut réhabilité devant la nation française en 1906, le prolétaire Jules Durand, gracié en 1918, rejoindra les ombres de l’histoire, celles écrasées sous un silence profond, un silence du fond des âges, un silence très long, un silence profond et trop long.
Ainsi, son nom n’est jamais associé aux erreurs judiciaires marquantes, malgré le grand mouvement de protestation soulevé par la CGT en France, mais aussi en Grande-Bretagne, en Belgique, en Espagne, en Italie ou aux États-Unis, mobilisation soutenue par l’Humanité, le journal de Jean Jaurès, les démarches du député de l’Aube Paul Meunier ou la Ligue des droits de l’homme.
Pire, sous le choc de sa condamnation inique aggravée par le traitement subi en prison (camisole de force, cagoule, chaînes), Jules Durand meurt le 20 février 1926 dans l’asile psychiatrique des Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen, à l’âge de 46 ans.
Le livre que j'avais consacré à Jules Durand, dont la CGT disait qu'il était le Dreyfus de la classe ouvrière: