¿Por qué no te callas? Pourquoi ne te tais-tu pas ? par Jean Ortiz
Lança un jour le roi don Juan Carlos (père) à Hugo Chavez ?
Non seulement hier le roi Felipe VI, fils du bringueur et chasseur d’éléphants, ne s’est pas tu dans son intervention télévisée exceptionnelle, mais il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, aiguisant la crise, jetant de l’essence sur le feu, ne proposant rien de concret, aucune issue.
On savait la monarchie héritière du franquisme, mais à ce point... Sa majesté est apparue froide, brutale, méprisante. Il ne lui manquait que la petite moustache...
Durant cinq minutes martiales à faire froid dans le dos, pas une fois le mot « dialogue », rien sur les plus de 800 blessés, sur les 700.000 manifestants pacifiques du jour, ce 3 octobre, rien sur l’ampleur exceptionnelle de la grève générale catalane, rien sur les violences des policiers et gardes civils venus de Madrid, rien sur les plus de 80% de Catalans qui souhaitent pouvoir voter... Bref, un discours inspiré ou écrit par le néo-franquiste, et corrompu, Mariano Rajoy. Bref, un roi très très réact, qui avait joué jusqu’à aujourd’hui au « roi (moderne, ouvert, sympa) de tous les Espagnols ».
L’intervention royalement partisane et hostile de Felipe VI vient aiguiser la plus importante crise que vit l’Espagne depuis la mort de Franco, accusant (et amalgamant) les « indépendantistes » catalans d’irrespect de la constitution (caduque) de 1978 : soutien inconditionnel à Rajoy et tir nourri contre les dirigeants catalans « irresponsables », coupables de « déloyauté inadmissible », et tout du même acabit. En réalité : tir nourri contre la majorité de la société catalane, contre la jeunesse et le mouvement populaire, contre le droit à l’autodétermination des peuples.
Celui qui est sorti de son rôle, c’est bien le roi, illégitime, (non élu). Les articles 56 et 61 de la Constitution de (feu) la « transition », lui attribuent le titre de chef de l’Etat et des Forces armées, « d’arbitre et modérateur » (pas d’incendiaire ni d’avant-centre du Real Madrid), « symbole de l’unité » (pas de la fracture), tenu de « respecter les droits des citoyens » (les « droits »... pas de prendre parti éhontément pour la droite, dont chacun connaît en Espagne la filiation originelle sanglante...
En avril 1931, la Seconde République fut proclamée simultanément à Madrid et à Barcelone. Elle accorda à la Catalogne « le statut » d’Etat catalan dans la République espagnole. Luis Companys, républicain, devint président catalan... Réfugié en France après la défaite, il fut livré par les « autorités », à Franco... qui le fusillera à Montjuich. Qui le savait ? A quand un mea culpa ? A quand, monsieur le petit roi, l’interdiction de parler catalan sous peine d’emprisonnement... et de chatouilles au fond des cachots ? Nostalgie. Nostalgie.
Note de ma pomme: Pour faire court, la République espagnole accorde en 1931 un gouvernement autonome à la Catalogne. La Généralité de Catalogne est restaurée, elle datait depuis le Moyen Âge et avait été abolie en 1716 par le roi, réduisant à néant ses privilèges et son pouvoir régional.
En février 1936, l'issue des élections générales en Espagne, un Front populaire est au gouvernement. La Généralité est rétablie avec un gouvernement régional d'unité populaire.
Lors de la guerre d'Espagne, la Catalogne est envahie par les forces fascistes en février 1939. C'est la fin de la Généralité. La dictature de Franco, dès avril 1939, s'étend à toute l'Espagne.
Lluís Companys (1882-1940), président élu de la Generalité, après la victoire de Franco, trouve refuge en Bretagne. En août 1940, à la demande des autorités franquistes, il est arrêté par la Gestapo. Livré au gouvernement de Madrid, il est condamné à mort par un Conseil de Guerre et fusillé au Fort de Montjuich à Barcelone le 15 octobre 1940.
Affiche républicaine catalane durant la Guerre d'Espagne
En juillet 1936, se tiennent à Barcelone, les Jeux olympiques populaires, contre les JO officiels tenus à Berlin en présence d'Hitler. Lorsque le coup d'état militaire fasciste débute en Espagne, le 18 juillet, des athlètes étrangers dans ces Olympiades s'engagent pour défendre la République.