Vous qui avez aimé "Merci patron" de François Ruffin, que dites-vous de la première question écrite qu'il compte poser à l'Assemblée nationale?
François Ruffin, élu député de la Somme, escompte questionner le gouvernement réactionnaire ainsi: Pourquoi lorsque la famille Mulliez s'enrichit, elle licencie sur le site Simply-Market d'Amiens?
"Monsieur François Ruffin alerte Madame la ministre d'Etat, ministre du travail, sur les licenciements en cours dans le groupe Mulliez.
Suite à une "réorganisation", à la fusion de Auchan et Atac, 70 postes vont être supprimés à Amiens, 870 au niveau français. Pour tous ces licenciements, pour l'instant, aucune prime supra-légale n'est prévue. (Sources FO et CGT.)
Le groupe de la famille Mulliez ne crie pourtant pas famine: "Auchan Holding a vu son bénéfice net progresser de 14% l'an dernier... " (L'Express, 10 mars 2017). Les dividendes ont augmenté de 75 % en ce printemps 2017, à hauteur de 350 millions d'euros. Avec 26 milliards d'euros, Gérard Mulliez est aujourd'hui la troisième fortune de "France". Entre guillemets, car la famille s'applique à déposer ses économies en Belgique: la Justice les a d'ailleurs perquisitionnés, les soupçonnant de fraude fiscale et de blanchiment. (Le Parisien, 10 mai 2016.)
Mais c'est un autre souci qu'on voudrait pointer: avec 84 millions d'€ (source entreprise), Auchan est, semble-t-il, le troisième plus gros bénéficiaire privé du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (après Casino et Carrefour). L'année où ces aides étaient perçues pour la première fois, l'effectif a diminué de 1400 personnes... Mais les dividendes des actionnaires familiaux étaient triplés.
Ces aides ont été octroyées sans la moindre conditionnalité et, ajoutera-t-on, sans ciblage: la grande distribution n'est nullement soumise à la concurrence internationale.
Compte tenu de ces éléments, M. François Ruffin apprécierait que Madame la ministre fasse connaître les mesures qu'entend prendre le Gouvernement dans ce dossier, mais au-delà souhaite l'interroger sur ce que contiendrait la loi travail n°2 qui empêcherait les multinationales de licencier alors que leurs bénéfices grossissent."
Bon, comme le député François Ruffin le présageait, l'administration de l'Assemblée nationale a retoqué la lettre pour qu'elle soit plus cool, comme disent ceux pour qui la lutte des classes n'existe plus. Ainsi, dans notre mauvaise république, qu'il ne faut surtout pas changer, un élu de la Nation doit rester dans la norme. Comme le capitalisme doit rester dans notre quotidien pour les siècles des siècles, comme ils disent du côté de Rome.