Ce samedi 18 mars, entre Bastille et République à Paris, la France insoumise a fait le plein
A moins d'être partisan des puissances de l'argent qui alimentent les caisses de la droite et de son extrême, ou de faire l'autruche, sa tête enfouie dans un petit seau de sable, pour dire le contraire, la marche initiée par Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidence de la République, a été un succès populaire incontesté.
Je l'écris d'autant plus que je ne suis, et ne serai jamais, fan d'un dieu, d'un césar ou d'un tribun, pour changer ce qui ne va pas. Le "Producteurs sauvez-vous vous-mêmes", tiré de l'Internationale, emporte plutôt mes suffrages.
Ceci dit, une réflexion. Comment avoir pu mobiliser tant de monde, un samedi à Paris, sans réseau organisé dans les entreprises ou dans la cité, quand contre la Loi El Khomri par exemple, l'ensemble des organisations syndicales, la combattant très justement, ont rassemblé moins? Le syndicalisme institutionnalisé, ou ce qu'il apparaît comme tel, ne doit-il pas se regarder en face, et pas dans un miroir déformant. Un chat est un chat, et l'UE celle du capital et du malheur pour ses nations. Et ne pas avoir dit que la loi Macron, la loi El Khomri, découlent essentiellement des directives de l'UE, a été une faute. Et sur cette faute, la peste brune en tire profits. Pas pour contrer les forces de l'argent, ses dirigeants sont de ce bord, mais pour pousser à l'abstention dans les couches populaires et se dire faussement le 1er parti en France.
Succès donc pour cette marche de la France insoumise donc. Pour autant, puisque j'ai écouté en entier le discours de son candidat, j'ai profondément détesté qu'il qualifie le général de Gaulle d'homme "exceptionnel".
Pour moi, lycéen en 1968, l'un des fondateurs de l'Union nationale des comités d'action lycéens (UNCAL) à Narbonne, qui fut dès lors fiché par les RG, la police politique de ce même général de Gaulle, ça ne passe vraiment pas. Et lorsque j'ai essuyé les tirs du Service d'action civique, les nervis du même général, alors que nous jouions paisiblement à la pétanque avec le piquet de grève des cheminots, l'exceptionnalité du président de la République ne passe toujours pas.
Et comme je suis une vieille barbe et que je le revendique, je n'oublie pas de rappeler que le général de Gaulle désunit la Sécurité sociale en 3 branches en 1967, alors que le Conseil National de la Résistance l'avait créée une et indivisible. Avec l'accord de la CFDT et de FO, le patronat fait son entrée majoritairement pour la diriger à son seul profit. Chacun peut voir ce qu'il en est aujourd'hui dans le 5e pays le plus riche au monde.
Succès populaire donc pour la France insoumise. Mais pour le mouvement populaire et le monde du travail que le capitalisme exploite, j'ai le courage d'affirmer que le communisme n'a pas épuisé sa puissance pour des lendemains qui chantent, en dépit des démentis cruels et sanglants de son histoire. Et l'activité électorale, aussi progressiste soit-elle et sans organisation de lutte et progrès pour la porter, aboutit à une impasse. Chaque jour qui passe, la Grèce de Syriza nous démontre cette triste réalité pour le peuple grec.
Et souvenons-nous aussi. Le 18 mars 1871, il y a 145 ans, les Parisiens imposaient leur gouvernement pour les travailleurs, pour le progrès et la justice sociale.