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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

16 mars 1937, Clichy, la police tire sur une manifestation anti-fasciste: 6 morts et plus de 300 blessés

C'est le début de la fin pour le Front populaire qui regroupe le Parti radical, le parti socialiste et le parti communiste, celui-ci ne participant pas au gouvernement. Neuf mois que le gouvernement du socialiste Léon Blum est en fonction. Neuf mois que la Chambre des députés légifère sur les droits conquis par les travailleurs en grève: congés payés, semaine de 40h de travail, droit syndical, augmentations salariales... Mais le 13 février 1937, Léon Blum annonce une "pause sociale" dans le programme du Front populaire: ajournement de la retraite pour les vieux travailleurs et des allocations chômage, réduction drastique des grands travaux. Et puis, il y a la "non-intervention" française depuis août 1936 dans la défense de l'Espagne de Front populaire contre un coup d'état militaire fascisant.

En juin 1936, certes, les ligues d'extrême droite françaises ont été dissoutes par le gouvernement. Mais elles ont fondé des partis fascisants à la place: le Parti social français ou le Parti populaire français. Ils relèvent la tête, encouragés par la victoire des nazis en Allemagne, du fascisme en Italie, de la dictature au Portugal. Le PCF alerte les travailleurs: "Les hommes du fascisme voudraient rayer d'un trait de plume toutes les conquêtes sociales, ramener notre pays aux jours les plus sombres de la réaction." Mais l'élan populaire s'essouffle. Le 4 décembre 1936, les députés communistes ne votent pas la confiance au gouvernement Blum. Ils s'abstiennent, espérant que le mouvement social pèse en faveur d'une reprise des réformes progressistes et démocratiques.

Le Parti social français veut tenir un meeting à Clichy, bastion ouvrier de la couronne parisienne. Le député et le conseiller général communiste pressent le ministre de l'intérieur, le socialiste Max Dormoy, d'interdire ce rassemblement factieux. Celui-ci refuse.

Une contre-manifestation est alors organisée devant la mairie de Clichy,  pour le 16 mars à 19h. Police et gardes mobiles protègent le cinéma où doit se réunir le Parti social français. Et quelques 1 800 policiers et gardes mobiles bouclent la place de la mairie. 8 barrages sont installés plus loin dans les rues, pour empêcher les manifestants de se rassembler plus encore.

21h 45, des premiers coups de feu. QQui a tiré? L'enquête n'aboutira pas. A 22 h, charge de la police. "On a tiré sur le front populaire", titre l'Humanité du 17 mars 1937.

Le 21 juin 1937, Léon Blum démissionne. Le radical Camille Chautemps le remplace. Mais Léon Blum reste vice-président du gouvernement et des ministres socialistes siègent avec lui, du 29 juin 1937 au 14 janvier 1938. Le Front populaire est déjà agonisant et le gouvernement cède plus encore aux pressions du patronat.

Les députés communistes votent la défiance le 14 janvier 1938. Camille Chautemps démissionne, mais le président de la République le charge de former un nouveau gouvernement. Le PCF croit que ses appels à l'unité autour du Front populaire ont été pris en compte. La confiance est accordé au gouvernement par 501 députés contre un seul, le 19 janvier 1938.

Cela ne dure pas et Edouard Daladier devient chef du gouvernement le 12 avril 1938. Mais les députés communistes ne lui font pas défaut, espérant toujours renverser le cours des choses, sans un mouvement populaire à leurs côtés.

En juillet 1938, Daladier publie pas moins de 182 décrets-lois, dont ceux de novembre contre les lois du Front populaire. Le 29 septembre 1938, c'était déjà les accords de Munich entre la France, la Grande-Bretagne, l'Italie fasciste et l'Allemagne hitlérienne. La Tchécoslovaquie, seul pays démocratique en cette Europe centrale, va tomber dans l'escarcelle du 3e Reich nazi.

La suite, vous la connaissez.

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