Octobre 1936: les Brigades internationales pour défendre la République espagnole
En octobre 1936, se créent les Brigades internationales. Plus de 30 000 volontaires étrangers vont partir défendre la République espagnole de Frente popular. Celle-ci est attaquée par le coup d'état militaire du 18 juillet 1936 soutenu par l'Allemagne hitlérienne et l'Italie fasciste. Les Français sont environ 10 000 dont près de la moitié vient de la région parisienne.
D'octobre 1936 à novembre 1938, les Brigades internationales n'ont pas modifié le cours de la guerre d'Espagne. Mais elles appartiennent au combat internationaliste pour la justice sociale et le progrès. Elles vont être aussi l'avant-garde de la résistance française contre l'occupation nazie et le régime fascisant de Vichy dirigé par Pétain.
En France, le gouvernement de Front populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum, craint de perdre ses partenaires gouvernementaux radicaux et la Grande-Bretagne, son alliée en Europe, celle-ci très anticommuniste. Cela va aboutir en une entente entre la France et la Grande-Bretagne pour la "non-intervention" en Espagne dès le début de la guerre civile, le 26 août 1936, prélude à la capitulation de Munich du 30 septembre 1938, devant Hitler et à la Deuxième Guerre mondiale.
Les 18 et 21 septembre 1936, le Komintern, l'Internationale communiste, depuis Moscou, s'accorde sur la création d'une organisation internationale de volontaires afin d'aider la République espagnole. Le 17 octobre 1936 est publiée dans le Mundo Obrero, organe du Parti communiste espagnol, une lettre ouverte de Staline à José Diaz Ramos, secrétaire général du même parti, dans laquelle il affirme publiquement son soutien à la République espagnole. L'URSS va être le seul état du côté des républicains espagnols.
En France, la CGT se charge de l'inscription et de l'acheminent des vonotaires, depuis le 8 avenue Mazthurin-Moreau à Paris (19e), en liaison étroite avec le PCF.
Dans Mémoires Vives, revue de l'IHS-CGT d'Île-de-France, Gilbert Dubant consacre un numéro spécial aux Brigades internationales. La moyenne d'âge des combattants est de 30 ans et plus de 50% ont entre 26 et 34 ans. 58,5% sont célibataires et plusieurs centaines sont chargés de famille. Les travailleurs sont 92%, dont 64,9% d'ouvriers, 16,8% des manoeuvres et assimiliés, 7% des employés. La légende des intellectuels massivement engagés en prend un coup, écrit très justement Gilbert Dubant.
Le plus fort contingent des brigadistes provient de la région parisienne: le département de la Seine envoie 41,6% de volontaires alors qu'il ne représente que 11,6% de la population française; le Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne envoie respectivement 6% et o,9%. Plus de la moitié des volontaires sont communistes, 2/3 en sont sympathisants. 200 sont socialistes et une poignée se répartissent entre anarchistes et troskistes.
Par la gare d'Austerlitz ou celle de Lyon, par voie maritime depuis Marseille, les brigadistes rejoignent l'Espagne. Ils passent par le centre de regroupement et d'entraînement d'Albacete dirigé par le communiste André Marty.
En dehors de leur victoire pour défendre Madrid, en novembre 1936, les Français vont être saignés durement par 3 fois: sur le Jarame en février 1937, en Aragon en mars-avril 1938 et sur l'Ebre en juillet 1938. Les Français, un tiers des brigadistes, ont 50% de pertes.
L'allemagne hitlérienne et l'Italie fasciste poursuivent leurs aides en armement, en soldats, en avions et en chars à la rébellion, quand leurs marines bloquent ou retardent l'arrivée des convois soviétiques. Les luttes intestines dans les gouvernements républicains espagnols, le manque criant de ravitaillement et de médicaments, les querelles fratricides, comme en Catalogne où anarchistes, communistes et socialistes s'affrontent par les armes, n'arrangent en rien les positions militaires de la République espagnole. Tout au contraire.
L'URSS, seule sur la scène internationale contre le fascisme international et tiraillée par des crises internes, se retire de l'Espagne après les accords de Munich et parce que l'épicentre de la tension se situe en Tchécoslovaquie, sur sa frontière occidentale et avec le Japon en ses bornes orientales.
Le 28 octobre 1938, les Brigades internationales défilent dans Barcelone avant de quitter le pays. Pour autant, 2 2100 Français restent pour combattre.
En France, le Front populaire est plus que moribond. Le gouvernement, soutenu par la droite et le patronat, réprime violemment les grèves de novembre 1938.
Après la Retirada, 10 000 républicains espagnols vont s'engager dans la résistance française, notamment dans les maquis du Sud-ouest, de Bourgone et du Vercors. Les premiers combattants des Forces Françaises Libres, entrés dans Paris, le 24 août 1944, sont majoritairement des Espagnols. Ainsi leurs blindés portent des noms commémorant des batailles de la guerre d'Espagne: Madrid, Guernica, Teruel...
Et celui qui dirige la résistance des FFI dans Paris, n'est autre que Rol-Tanguy, l'ancien métallo commissaire politique de la 14e Brigade internationale: "La Marseillaise".
La 14° brigade internationale "La Marseillaise" est créée le 02 décembre 1936 avec les bataillons :
1° Neuf Nations (plus tard transformé en Commune de Paris),
2° Dominingo Germinal (anarchistes espagnols),
3° Henri Barbusse (France),
4° Pierre Brachet (France)
5° La Marseillaise (France et 1°compagnie anglaise)
Sources: Ma pomme et principalement Gilbert Dubant: 36 en région parisienne avec la CGT, arrivée du Front populaire et départ des Brigades internationales. Mémoires Vives n°36 mai-juin-juillet 2016.