1er octobre 1946, le Tribunal de Nuremberg rend son verdict contre l'Allemagne nazie
Du moins contre quelques uns des principaux dirigeants hitlériens, puisque seulement 24 d'entre eux sont sur les bancs des accusés, sous l'inculpation de crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité. Mais ni le gouvernement du Reich hitlérien, ni l'état-major, ni aucun industriel allemand ne sera jugé. Pour le patronat hitlérien, seul l'industriel Gustave Krupp est accusé. Mais aucune sentence n'est prononcée vu son état physique et mental.
Certes, comme le déclare Marie-Claude Vaillant-Couturier, résistante communiste et déportée, rescapée de l'enfer nazi d'Auschwitz et de Ravensbrück, appelée comme témoin, ce procès constitue bien "un progrès pour la conscience humaine". Pour la première fois, des crimes monstrueux et le massacre de millions d'êtres humains ne restent pas impunis. La qualité des documents et des témoignages constituent aussi un somme d'une grande valeur pédagogique sur les crimes et les forfaits du nazisme.
Il n'en reste pas moins que nombre de coupables de crime pour la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité sont absents à Nuremberg. De même, lors de ce procès, la caractérisation du génocide contre les juifs et les tsiganes est absente.
Sur 24 nazis accusés, 12 sont condamnés à mort. Mais échappe à la mort le grand-amiral Dönitz, nazi fanatique qui succède à Hitler après son suicide et qui combat jusqu'au bout pour défendre ce qui reste du grand Reich. Echappent également à la mort, Albert Speer, ministre de l'Armement, Von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes, puis gouverneur nazi de Vienne en Autriche, ou Von Neurath, ministre des Affaires étrangères du dernier gouvernement nazi.
La machine de destruction nazie n’aurait jamais pu fonctionner à plein régime sans les complaisances et l’aide des industriels allemands. Certaines entreprises et non des moindres ont adhéré au régime hitlérien, soit par idéologie, soit par intérêt économique, soit les deux. Au sortir de la guerre, la plupart de ces sociétés ont poursuivi leur activité. Pour n'en citer que quelques unes qui se sont développées grâce à la main d'oeuvre tirée de l'enfer concentrationnaire: Bosch, Opel, Flick, IG farben et sa filiale Bayer, AGFA, BMW, Volskswagen, Allianz.
Ce que les USA taisent: le rôle des industriels américains Ford et General Motors détenant 70% du marché automobile allemand au moment de l'arrivée au pouvoir d'Hitler en 1933. Qui s'enrichissent en Allemagne en abondant au parti nazi. Dans son usine de Cologne. Ford Werke A.G. est considéré comme « une pièce clé de l’arsenal nazi » produisant 60 % des transports de troupes chenillés et blindés de la Wehrmacht.
Le nazisme, le fascisme ne sont pas un avatar de l'histoire, encore moins une erreur de casting. Ils n'ont apparu que parce que la capitalisme l'a décidé, puis soutenu, à l'époque où des idées de justice sociale et de progrès progressaient comme en France ou en Espagne, et même en Allemagne.
Comme le proclamait Jean Jaurès, avant d'être assassiné par un extrémiste de droite: "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l'orage". Pour assurer son existence et ses profits, hier comme aujourd'hui. Et fou serait celui se disant progressiste qui l'oublierait.