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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

L'apocalypse. Ce soir j'ai peur, par Jean Ortiz

Toujours la plume avisée de Jean Ortiz qui n'écrit pas pour passer le temps ou remplir des pages:

"Ce soir, j’ai peur. Les draps collent. J’écoute les radios aussi libres les unes que les autres, et anxiogènes toutes. J’y perds mon béarnich. Il n’est question que de Grexit, de Brexit, de Francit, de Sciatic, de Prurit, de Rakitich, de Modrich, de Pépich, de Léonich, de Talonadich, de Leonardit, d’Eternit, de Potich, de Fongicid, de Truquit. Une nouvelle grammaire.

Place Royale, à l’heure de la «fête espagnole » des centaines de dames déguisées confondent « sevillanas » folkloriques (prononcer « séviyanaass »), et le « flamenco », le « jondo », le profond, le noir. Rien à voir avec « Paquito chocolatero ». Longues robes froufrouteuses. On vote à Madrid. C’est loin... « Oh moi je ne fais pas de politique ». « Oh moi le flamencooooo », les « tapaaasss ». « J’adore le folklore gai, le vrai ». « Les Espagnols aiment tant la fête ». « Ils sont si... ». « Je vais chaque année en vacances à Puerto Banus ». Tipicooo ! Olé ! Au lait ! Au laid ! Vite vite un « andalousit » ! Le consul d’Espagne est là. Hier il s’est sauvé d’une remise de décoration à un combattant républicain communiste (102 ans) survivant des camps... lorsque il a vu le drapeau républicain espagnol sur la façade de la mairie de Billère ; le consul a fui. Franquisme quand tu nous tiens ! Une faute politique et un insupportable manque de respect, de politesse. Qué se vaya !
 
Nous sommes depuis hier en pleine apocalypse, en plein drame. Demain le soleil ne se lèvera pas. Ne se lèvera plus. La Croatie attendit les prolongations. Mal lui enprit (correspondance d’étang). Les temples (boursiers) s’effondrent. En plein « Euro », les supporters britanniques se voient interdire d’euroter. Mise en bière. Brassard noir. Un peuple ingrat, ses beaux quartiers, ont osé renverser la table ; et ils vont le payer. Roulements de tambours à l’Elysée. Toutes les casernes de pompiers mobilisées. Le pompier en chef enfin « recrédibilisé ». 52% dans les sondages !
 
Un peuple a osé-osons-osé remettre en cause ce que nous avons mis plus de cinquante ans à bâtir ensemble de notre sueur, de nos sacrifices librement consentis: une Europe une (allemande), grande, « chrétienne », « occidentale », généreuse, qui a eu le courage de placer « au centre » (ça tombe bien) le nerf du nerf des choses humaines : l’argent. Il en faut du culot, du sens politique et du politiquement incorrect, pour reléguer l’homme à la périphérie de la périphérie ! Il fallait oser : nous l’avons fait, et nous voilà payés en monnaie de singe. Les peuples n’ont même pas la reconnaissance du ventre. Ronaldo  réveille en fin ses cheveux gominés.  GOOOOOOOOL ! POURTOUGALL !
 
Et les radios radiotent. A défaut d’Armée Rouge... maudits « extrêmes », dangereux « populismes » et autres « périls nationalistes », inquiétant « repli», tous tombés du ciel. Pourquoi ont-ils ramassé la mise les coquins ? Détourné et récupéré la déferlante ? « Si tu n’y étais pas, tant pis pour toi ». Les peuples plébiscitent chaque jour davantage cette Europe du bonheur, du partage des richesses, de l’abondance, de la coopération féconde, de la souveraineté, du non-alignement, de la transparence. Ils font des bras d’honneur aux « eurosceptiques », sans oublier les eurocrates élus et révocables. Et nous ne profitons pas de cette apocalypse, nous qui voulions la changer cette Europe, et de l’intérieur, avant 2098!
 
Nous qui sommes pour y rester sans sortir pour mieux y être sans y être, et vice vers çà. Imaginez un effet domino. On ne va pas nous laisser le temps d’infléchir les infléchissements et de refonder la refondation. Pris de vitesse ! Au diable les vieilleries : l’indépendance et la souveraineté. Laissons ces futilités au Front national. Parlons plus que jamais clair. Pas de clair-obscur. Pas de non-oui-mais.
 
Cette Union européenne là est tellement parfaite qu’elle en est inamendable, irréformable. Pourquoi nous obstinons-nous à alternativer ? Profitons de ses charmes et de ses bienfaits ; de sa sobriété, de ses cures d’amaigrissement . Et surtout : faisons barrage au FN. Il tombe lui aussi du ciel. Il sort du néant. Quelle poisse ! Exit !"

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