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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Le 51e congrès de la CGT vu par José Fort, sur son blog

« 51 à Marseille fallait oser »

D’entrée, Philippe Martinez n’a pas hésité à faire référence, lundi à l’ouverture du congrès de la CGT, à une célèbre marque de pastis devant les 999 délégués. 78% assistent pour la première fois à un tel événement. Quelques instants auparavant, le secrétaire de l’Union départementale des Bouches-du-Rhône qui avait provoqué des cris en citant le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, avouait « qu’avant » la longue lutte des Fralib il avait « du mal à boire du thé » mais que désormais il s’y était mis, les plus récalcitrants pouvant prendre du thé à 17h et à 21h en se réservant 12h et 18h pour le pastis. Au congrès de la CGT, on mêle l’humour au sérieux des débats, on conjugue la galéjade « à la réflexion et à l’action ».

Dans le rapport d’ouverture de Philippe Martinez, il y en a pour tout le monde. Direct, sans fioriture. La première organisation syndicale qui « compte bien le rester » a traversé, selon Martinez « des périodes difficiles » mettant à mal « nos valeurs » en assurant : « Nous les avons surmontées. »

Les libertés syndicales ? Les Goodyear et les 5 d’Air France s’exprimeront pendant le congrès. Ils peuvent compter sur la solidarité car « Quand on touche un des nôtres, c’est toute la CGT qui doit répondre. » Un collectif confédéral va être crée sur cette question.

La loi sur le travail ? Un retour au XIX eme siècle « Sarkozy en rêvait, Hollande veut le faire », a affirmé Philippe Martinez soulignant le nécessaire accueil « digne » des migrants, l’action conjointe avec les sans papiers, la lutte contre le racisme et le Front national, les tentatives de division des salariés.

Les alternatives ? Il invite à « user plus de salives » pour avancer des propositions et ne pas « s’enfermer » dans un syndicalisme institutionnel, la CGT refusant les « strapontins pour simplement écouter ». Avec quatre axes principaux d’action : la dénonciation du prétendu « coût » du travail et le vrai « coût du capital », l’augmentation des salaires, la relance de l’industrie et le contrôle des finances publiques. Avec une attention soutenue pour le mouvement « Nuits debout » « favorisant le débat et la démocratie » qui doit trouver des prolongements dans les entreprises.

Les retraités ? Pour la première fois, les choses ont été dites clairement et nettement. Pour Philippe Martinez, l’organisation des retraités dans la CGT répond à un « besoin de complémentarité », la « continuité syndicale » exigeant des « mesures concrètes » passant notamment par l’instauration d’une « carte permanente ». « Chaque syndiqué compte pour un », a-t-il souligné concluant : « mettons en pratique sans attendre ».

La délégation du PS huée.

La présidente de séance égrenait la liste des organisations présentes lorsqu’elle a annoncé la délégation du parti socialiste. Il a fallu attendre de longs instants avant qu’elle puisse reprendre la parole, les délégués furieux hurlant : « Retrait de la loi ».

Ballade avant congrès.

Une fois badgé, une ballade s’impose. Deux expositions photos sont présentées : celle du photographe de « Vie Nouvelle » Alloua Sayat sur le thème « paroles de syndiqués » ; la seconde retrace la compagnonnage entre l’équipe de Charlie Hebdo et la CGT, particulièrement avec nos amis dessinateurs assassinés au mois de janvier 2015.

Puis on avance vers l’espace « partenaires », ses stands, son bar et… un terrain de boules « utilisable seulement pendant les pauses », me glisse un des organisateurs.

 

Note de ma pomme: Le site de la CGT étant pour l'instant inaccessible, permettez-moi d'évoquer le vote des délégués sur le rapport d'activité confédéral, lors de la journée de mardi. Chacun se rappelle la grave crise qui a secoué la confédération, ce qui a entraîné la démission de son secrétaire général Thierry Lepaon, le remplacement du bureau confédéral et l'élection de Philippe Martinez à la tête de la CGT avec de nouveaux dirigeants nationaux.

Le moins que je puisse écrire, si j'en crois les journaux consultés en ligne, le bilan de l'action confédérale depuis le dernier congrès de 2013, n'a pas fait l'unanimité parmi les délégués représentants les 583 943 syndiqués à jour de leurs cotisations.

Or, il n'y a eu que 501 704 suffrages exprimés, soit 14,1 % d’abstentions, 344 443 votes pour (68,7 %) et 157 261 contre (31,3 %). Si l’on intègre les abstentions dans les exprimés, la sanction, le pourcentage de pour chute à 58,9 %.

"La CGT solde la crise de 2014", écrit l'Humanité. Mais la journaliste relève que les congressistes ne sont pas restés devant ce seul constat, en concluant sur l'intervention du délégué de Michelin: "Jusqu'à présent, nous n'avons pas su créer le rapport de forces nécessaire. Et nous devons retenir les erreurs du passé pour ne pas rester une machine à perdre".

Aujourd'hui mercredi, les congressites vont débattre sur cette foule de questionnements et de défis.

Pour que la CGT reste un syndicat de masse et de classe, et pas seulement institutionnel dans les corridors du pouvoir et du patronat, vous me permettrez d'ajouter.

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